SOUS-MARIN NUCLEAIRE D'ATTAQUE HMS DREADNOUGHT
(GRANDE-BRETAGNE)Le HMS Dreadnought (S101) à la mer AVANT-PROPOS Dès l'apparition de ce drôle de bateau qu'était le sous marin, les différentes marines ont rêvé du sous marin autonome, l'arme absolue censée être invisible, frapper ici et frapper là sans que l'ennemi ne puisse réagir.
Bien entendu, cette vision était idyllique et dès le début, les sous marins se heurtèrent à la riposte des forces de surface et de l'aviation mais cette ambition, ce désir restait intact mais largement hors de portée avec les moyens techniques de l'époque.
Durant la seconde guerre mondiale, le docteur Helmuth Walter inventa le premier système de propulsion en circuit fermé qui porta bientôt son nom.
Sous marin U1406 type XVII sabordé puis relevé par les américains Le principe du système Walter était le suivant : du peroxyde d'hydrogène concentré à 90% appelé perhydrol par les allemands produisait de l'oxygène et de l'eau en passant par un catalyseur. L'oxygène mélangé à du gazole brûlait dans un chambre à combustion produisant de la vapeur qui alimentait une turbine.
Les allemands construisirent cinq sous marins équipés de ce système mais seuls trois furent achevés sans prendre part cependant à une mission de guerre. Sabordés à la fin du conflit, l'un d'eux le U1407 fût renfloué par les britanniques et remis en service sous le nom de HMS Meteorite.
En 1949/50, la marine britannique commanda six sous marins équipés de ce système de propulsion mais la Grande Bretagne exsangue ne pouvait se permettre un tel luxe et seulement deux submersibles expérimentaux sans armement furent achevés, le HMS Explorer et le HMS Excalibur mais ne servirent que quelques années.
En effet si le système Walter sur le papier était parfait, il était inutilisable en mer et a fortiori au combat, le peroxyde d'hydrogène était extrêmement volatile, la moindre impureté pouvant provoquer une réaction chimique entrainant une brusque montée en temperature et une explosion.
Cela n'empêcha plusieurs marines de se dôter ou de plancher sur des navires équipés d'un système semblable au système Walter comme la France (projet f de 1950, un sous marin de 800 tonnes équipé d'une turbine de 8000cv) mais aussi les Etats Unis.
La marine américaine récupère ainsi un sous marin type XVII, le U1406 sabordé à Cuxhaven, relevé et ramené aux Etats Unis. Les américains testent la turbine Walter et le diesel Kreislauf fonctionnant en circuit fermé.
Le sous marin américain X1 Comme les britanniques, les américains mettent en service un sous marin de poche baptisé X1 propulsé par le système Walter en octobre 1955. Les tests ne débouchent, son système de propulsion ayant explosé en 1957.
De toute façon, les américains s'étaient déjà tourné vers une solution bien plus prometteuse : la propulsion nucléaire.
De leur côté les soviétiques ont aussi étudié ce mode de propulsion que ce soit une version améliorée du projet 611 Zulu (projet 611 bis) avec une turbine Walter de 6500ch sur la ligne d'arbre centrale avec une vitesse prévue de 22 noeuds (projet abandonné dès 1950);
le projet 615 Quebec dont 30 exemplaires furent construits mais qui srévèlèrent plus dangereux pour leurs équipages que pour un hypothétique adversaire avec de nombreuses fuites d'oxygène; le projet 617 Whale (un exemplaire construit) qui se révéla aussi raté que le précédent (vibrations excessives, bruit qui empêchait la mise en oeuvre du sonar).
Un sous marin type 615 "Québec" A cela s'ajoute des projets abandonnés sur la planche à dessin comme le projet 617M/647 (plus grande endurance et meilleurs moyens de détection), le projet 635/643 (1660 tonnes 22 noeuds 8 tubes lance-torpilles puis 1866 tonnes), le projet 621 (sous marin de transport avec 745 hommes) le projet 612 abandonné au profit du projet 615, le projet 618 lui aussi abandonné au profit du projet 615, le projet 630 version plus lourde du projet 615 et le projet 623 de sous marins mouilleurs de mines.
Dès 1939, le professeur Ross Gunn propose à l'US Navy un projet de sous marin à propulsion nucléaire et cette idée est suffisament séduisante pour que dès 1946 la réalisation d'un réacteur soit entamée à Oak Ridge (Tennessee) avec cinq officiers de la marine dont le capitaine de vaisseau Hyman Rickover, une forte personnalité au caractère difficile.
Le 7 juin 1947, le chief of naval operations (CNO) Chester Nimitz approuve les plans de dévellopement de la propulsion atomique aux sous marins et le 20 janvier 1948, un accord entre le BuShips et l'AEC (Atomic Energy Commission) permet le lancement de la réalisation d'un sous marin nucléaire.
Début 1949, Rickover choisit le réacteur à eau pressurié ou PWR (Pressurised Water Reactor) et le prototype baptisé STR (Submarine Thermal Reactor) Mark I construit par Westinghouse est installé à terre et diverge en mars 1953. Une variante baptisée Mark II va être installée sur le premier sous marin nucléaire construit.
Le USS Nautilus à la mer Le Nautilus (projet SCB64) financé au budget 1952 est mis sur cale aux chantiers Electric Boat de Groton dans le Connecticut le 14 juin 1952 lancé en janvier 1954 et admis au service actif le 30 septembre 1954. La première sortie à la mer à lieu le 17 janvier 1955 et envoie le message «Underway on nuclear power» (en mer avec l'énergie nucléaire).
GENESE DU HMS DREADNOUGHTLa Grande Bretagne à compris l'intérêt du sous marin nucléaire depuis 1946 mais les recherches sont suspendues en octobre 1952. En 1955 cependant, l'US Navy construit le Nautilus, le premier sous marin nucléaire et les britanniques au nom de la «Special Relationship» espère l'aide de Washington.
L'amiral Arleigh Burke, CNO est favorable mais l'amiral Rickover, le père des sous marins nucléaires est contre tout transfert de la technologie pour préserver le monopole américain sur la propulsion nucléaire.
Rickover maintien son véto jusqu'en 1956 mais lord Mountbatten doit jouer de son entregent pour obtenir le système de propulsion américain le plus perfectionné à savoir celui des Skipjack qui sont propulsés par un réacteur S5W alors que le père des sous marins nucléaires américains était prêt à autorisé le transfert d'un réacteur de première génération de type S3W qui équipait la classe Skate.. Cet échange est validé par le traité anglo-américain de 1958 (US-UK Mutual Defence Agreement).
Le USS Skipjack Les britanniques avaient obtenu le réacteur et pour la coque, ils avaient choisit un design entièrement national même si les ingénieurs britanniques prirent langue avec Electric Boat Corporation de Groton dans le Connecticut pour obtenir des informations sur les tracés de coque les plus adaptés ce qui explique la relative ressemblance du premier Strike Submarine Nuclear (SSN) britannique avec les les navires de la classe Skipjack.
Comme au nom de baptême, il n'est pas surprenant que les britanniques ait choisi le nom de Dreadnought. Comme le dit George Douglas Hamitlon, dixième comte de Selkirk, premier lord de l'amirauté en juillet 1959 (il occupa ce poste de 1957 à octobre 1959), «nous avons choisi d'appeler ce navire Dreadnought car il ouvre une nouvelle époque à l'instar de l'ancien Dreadnought construit cinquante-ans plutôt»
("We are calling this ship Dreadnought because it is opening a new epoch just as was the old Dreadnought, built fifty years ago")