Le Ryujo en guerre (1) : des Phillipines aux Aléoutiennes (décembre 1941-juin 1942)Tornade japonaise sur les Phillipines et la MalaisieDessin du RyujoLes japonais ont miticuleusement préparé leur plan d'attaque. La neutralisation de la flotte du Pacifique à Pearl Harbor doit s'accompagner d'une attaque contre les Phillipines, un protectorat américain très avancé sur le chemin de l'indépendance mais aussi contre Hong Kong et la Malaisie (colonies britanniques) et les Indes Néerlandaises, colonie des Pays Bas qui regorgeaient de pétrole et de caoutchouc indispensable pour la machine de guerre nippone.
Les grands porte-avions (Akagi Kaga Soryu Hiryu Shokaku et Zuikaku) étant occupés à Pearl Harbor, ce sont les plus petits qui sont chargés d'appuyer les assauts amphibies de l'armée japonaise . Cependant en raison d'un manque d'appareils et d'entrainement, seuls les Zuiho et Ryujo seront engagés, le Hosho et le Shoho étant réservés à l'entrainement.
Le Ryujo dans son aspect finalLe 29 novembre 1941, le Ryujo est officiellement affecté aux opérations de débarquement amphibies aux Phillipines. Le navire quitte Saeki le jour même et arrive à Palau le 5 décembre 1941. Il appareille le lendemain en compagnie de la 5ème division de croiseurs direction l'île de Mindanao pour neutraliser l'hydrobase de Davao. Le 8 décembre 1941 entre 4h00 et 4h45, le Ryujo lance 9 chasseurs A5M4 «Claude» et 13 bombardiers-torpilleurs B5N1 et 2 «Kate».
Sur place, au lieu des nombreux hydravions pressentis par les japonais, les aviateurs nippons ne trouvent que deux Catalina et le tender d'hydravions USS William B. Preston. Le navire échappe aux bombes des Kate mais les deux Catalina sont mitraillés et incendiés par les Claude. La DCA américaine n'est pas inactive touchant un bombardier et deux chasseurs, le premier devant amerrir à proximité du porte-avions et l'équipage recueilli par un destroyer. Dans l'après midi, un nouveau raid est lancé contre les infrastructures à terre mais les deux B5N et les trois A5M4 ne trouvent que peu de cibles. Un chasseur est touché par la DCA et se pose à terre, son pilote préférant se suicider plutôt que d'être fait prisonnier.
Le 12 décembre, il couvre les débarquements à Legaspi dans le centre des Phillipines puis après une courte escale à Palau, appuie la prise de Davao effective le 20 décembre 1941. Le 23 décembre, 7 A5M4 et 2 B5N2 sont mis à terre pour protéger le terrain de Davao essentiel pour l'appui des opérations contre les Indes Néerlandaises mais les appareils regagnent le Ryujo rapidement après l'arrivée de Zero nettement plus performants. Le 25 décembre, le Ryujo couvre le débarquement sur Jolo avant de gagner Palau le lendemain 26 décembre 1941.
Carte des opérations japonais dans l'Asie du Sud Estle 28 décembre 1941, le petit porte-avions deécidément fort actif quitte Palau pour gagner Mako puis Cam Ranh Bay en Indochine où il arriva le 7 janvier 1942. Le 23 janvier, il appareilla pour la Malaisie afin d'appuyer les opérations d'occupation de la colonie britannique, opérations qui durèrent quatre jours du 23 au 27 janvier 1942 avant que le Ryujo ne retourne en baie de Cam Ranh le 30 janvier 1942.
Après quelques jours de repos et de réparations, le Ryujo quitta Cam Ranh pour appuyer l'occupation de Palembang puis des Indes Néerlandaises. Le 15 février, des A5M4 du porte-avions interceptèrent 11 bombardiers Bristol Blenheim venus s'attaquer aux navires de transport japonais, en descendant deux et en endommageant six.
Le 14 février à 16h00, une force alliée de cinq croiseurs et de dix destroyers prit la mer pour attaquer les transports japonais. Après avoir perdu dans la nuit un destroyer, les forces du contre-amiral Karel Doorman furent repérés par un hydravion du croiseur lourd Chokaï.
Sept B5N du Ryujo sont envoyés à l'attaque pour affaiblir les alliés et favoriser l'attaque des croiseurs de l'amiral Ozawa. L'attaque fait peu de dégât, l'Exeter perdant son hydravion Walrus et c'est la même chose pour l'attaque menée par des bombardiers G3M2. Une troisième attaque lancée par 6 B5N mais sans effet tout comme celle des G4M1 à cause d'une puissante DCA mais cela ne change rien car l'amiral néerlandais avait décidé de se replier, l'effet de surprise ayant été éventé.
Trois jours plus tard, le 17 février 1942, le destroyer néerlandais Van Nes escortant le paquebot Sloet Van de Beele transportant des troupes entre Oosthaven et Java est attaqué par 15 G3M2 qui parviennent à couler le transport. Le destroyer ne survit quelques minutes puisqu'il coule après avoit été touché par trois bombes lancés par une dizaine de Kate du Ryujo.
Il fût ensuite affecté à la protection des navires transportants les troupes japonaises destinés à la conquête de Java. Il quitte Saint James le 27 février 1942, les troupes japonais débarquant à l'aube le 1er mars. Dans la nuit, l'ABDA est quasiment anéantie par une force de croiseurs et de destroyers mais le destroyer USS Pope parvint à s'enfuir. Pas pour longtemps car il est coulé en début d'après midi le 1er mars par 6 B5N du Ryujo.
Le Raid dans l'Océan Indien Le Ryujo à la merA partir de décembre 1941, une véritable tornade s'abat sur les possession européennes en Asie du Sud-Est. En trois mois, les japonais écrasent les Phillipines, la Malaisie et les Indes Néerlandaises, les rares contre-offensives alliées comme l'ABDA commandée par l'amiral néerlandais Karel Doorman sont écrasés par des navires japonais plus modernes, plus puissants et dont les équipages sont remarquablement entrainés notament au combat de nuit. L'Eastern Fleet britannique comprennant que la situation était sans issue s'était repliée dans l'Océan Indien notament à Ceylan et même au Kenya où ses plus anciens navires avaient été envoyés pour échapper aux japonais.
Les japonais n'ont aucunement l'intention de laisser une telle force menacer leur flanc et notament la Malaisie et les Indes Néerlandaises riches en pétrole et caoutchouc dont ils ont un immense besoin puisque l'Eastern Fleet alignait encore trois porte-avions (Indomitable, Formidable et Hermes) et cinq cuirassés (Warspite de classe Queen Elisabeth et les quatre survivants de la classe Revenge les Ramilies Revenge, Resolution et Royal Sovereign).
Pour écraser cette menace, la marine japonaise choisit deux de ses meilleurs amiraux, l'amiral Chuichi Nagumo, l'homme qui à commandé la force de porte-avions sur Pearl Harbor et le vice-amiral Jisaburo Ozawa qui partisan de l'aéronavale avait recommandé de regrouper les porte-avions en une force commune pour obtenir un impact militaire maximal. Le plan japonais était simple : l'Amiral Nagumo devait se concentrer sur Ceylan et ses approches tandis que le vice-amiral Ozawa devait nettoyer le golfe du Bengale de toute présence britannique.
L'amiral Nagumo disposait ainsi de la 1st Carrier Air Fleet composé des porte-avions Akagi (navire amiral de Nagumo) de l'Hiryu, du Soryu; du Zuikaku et du Shokaku; du 3rd Battleship Squadron composé des quatre cuirassés rapides de classe Kongo (Kongo Haruna Hiei et Kirishima); du 8th Cruiser Squadron avec les croiseurs lourds Tone et Chikuma, des destroyers Abukuma (Desron 1) Urakaze Tanikaze Isokaze et Hamakaze (Desdiv 17) Kasumi Arare Kagero Shiranushi et Akigumo (Desdiv 17).
Le vice-amiral Ozawa disposait de la Malay Force composée du 7th Cruiser Squadron avec les croiseurs lourds classe Mogami (Mogami Suzuya Mikuma et Kumano), du porte-avions Ryujo avec 16 bombardiers-torpilleurs B5N2, des destroyers Yura (Desron 3) Fubuki Shirayuki, Hatsuyki Murakumo (Desdiv 11) remplacée le 3 avril 1942 par la Desdiv 20 composée des destroyers Amagiri Asagiri Shirakumo et Yugiri. Il disposait également des sous marins I-2, I-3, I-4, I-6 et I-7 positionnés à l'ouest de l'Inde.
Face à cette formidable puissance, l'amiral James Sommerville commandant de la Eastern Fleet dispose de la Force A (Fast Force) composée des porte-avions Indomitable et Formidable, du cuirassé Warspite, des croiseurs lourds Cornwall et Dorsetshire, des croiseurs légers Emerald et Enterprise et des destroyers Napier Nestor (Royal Australian Navy) Paladin, Panther Hotspur et Foxhound.
La Force B ou Slow Force est composée des cuirassés Resolution Ramilles Royal Sovereign et Revenge, du porte-avions Hermes (capitaine Onslow) avec un groupe aérien de 12 Swordfish, les croiseurs légers Caledon, Dragon et Jacob Van Heemskerck (néerlandais) et les destroyers Griffin Norman (australien) Arrow Vampire (australien) Decoy Fortune Scout et Isaac Sweers (néerlandais) sans parler des navires immobilisés à Colombo : le croiseur auxiliaire Hector et le destroyer Tenedos.
Les deux forces japonaises appareillent de Staring Bay dans les Célebes le 26 mars 1942 et les britanniques mis au courant, décide de replier ses forces de Ceylan, direction l'atoll d'Addu dans les Maldives pour limiter les effets d'une attaque prévue pour le 1er ou 2 avril 1942.
C'est le vice-amiral Ozawa qui est le premier à se mette en évidence en attaquant avec le porte-avions Ryujo et ses quatre croiseurs la navigation commerciale britannique dans le golfe de Bengale
Il entre en action le 4 avril 1942, profitant d'une décision curieuse des autorités britanniques à savoir l'évacuation des cargos des ports du nord de l'Inde sans aucune escorte. Le 5 avril, un hydravion repère un groupe d'une dizaine de navires marchands qui est bientôt attaqué par dix B5N qui endommageant le cargo de 7726t Dardanus qui prit en remorque par un autre cargo le Gandara mais ces deux navires seront coulés le lendemain par les obus des croiseurs japonais.
Le lendemain 6 avril, les B5N du Ryujo attaquent les ports de Cocanada et Vizagatapam et sans opposition des avions britanniques, coulent deux cargos, en endommageant six autres puis incendient un pétrolier. Ils s'attaquent aux installations portuaires qui ne sont que légèrement endommagés mais cela provoque une panique monstre chez les habitants qui fuient vers l'intérieur des terres.
Le 7 avril, Ozawa regroupe ses navires et se dirige vers le détroit de Malaisie, arrivant à Singapour le 11 avril où il reste deux jours. Le 13 avril, il repart en compagnie des navires de Nagumo et de Kondo puis il s'en sépare à nouveau pour gagner la Baie de Cam Ranh où il mouille le 16.
Le 18 avril 1942, les B5N sont envoyés à Takao (Formose) pour s'entrainer notament au lancement de torpilles pendant que les chasseurs à bord du Ryujo rentrent avec le porte-avions au Japon arrivant le 23 avril à Kure, les A5M4 étant enfin remplacés par des A6M2 qui sont pris en compte le 1er mai.
Dans les eaux glaciales des AléoutiennesCarte des AléoutiennnesEn mars 1942, les japonais ont atteint la majorité de leurs objectifs avec des pertes ridicules. Ils hésitent alors sur la marche à suivre : poursuivre sur le continent en Chine et en URSS, continuer dans le Pacifique est (Hawaï et la côte ouest des Etats Unis) ou direction l'Australie et la Nouvelle Calédonie. Les options continentales (Chine, URSS et Inde) sont rapidement abandonnées et au final, le Japon décide de poursuivre dans le Pacifique au sud et à l'est. Le raid des B25 sur Tokyo le 18 avril 1942 ulcère les japonais qui décident d'éliminer la menace posée par les bases américaines du Pacifique : Midway et Hawaï (opération MI)
Comme souvent chez les japonais, le plan choisit est particulièrement complexe. L'objectif principal est l'atoll de Midway situé à mi-chemin entre le Japon et les Etats Unis mais dans l'espoir d'affaiblir les américains, les japonais décident d'attaquer les Aléoutiennes à plus de 3000km de Midway pour occuper Attu, Kiska et Adak. Ce que Yamamoto et les japonais ignorent c'est que la cellule de cryptographie commandée par le capitaine de vaisseau Rochefort à depuis longtemps cassé le code JN-25 (Code pourpre pour les japonais) et son parfaitement au courant du plan japonais.
Le Ryujo appareille ainsi du Japon le 26 mai 1942 et vers 2h00, le 3 juin 1942, les porte-avions Ryujo et Junyo (4ème division amiral Kakuta) sont prêts à lancer leurs avions contre Dutch Harbor.
Le temps est complètement bouché et le décollage est retardé. Ce n'est qu'à 2h43 que les avions sont lancés à savoir 12 Aichi D3A1 et 6 A6M2 (Junyo) et 6 A6M2 et 14 B5N1 (Ryujo) soit 38 avions mais le temps provoqua la dispersion du groupe d'avions japonais et si les pilotes du Ryujo bien entrainés peuvent supporter, ce n'est pas la même chose pour les pilotes du Junyo bien moins entrainés.
C'est ainsi que seuls deux Zero du Junyo poursuivent la route en compagnie des avions du Ryujo (moins un B5N1 qui s'est crashé à la mer). Alors qu'il sort du port, le ravitailleur d'hydravions Gillis repère au radar les avions japonais et donnant l'alerte en prévénant le port.
Le temps s'étant éclaircit, les avions japonais s'en donnent à coeur joie provoquant de sérieux dégâts sur le port et les environs sans que les américains ne réagissent, les P40 arrivant alors que les avions japonais sont déjà repartis.
Cinq destroyers américains sont bien repérés mais les avions envoyés pour les attaquer (18 Val du Junyo et des B5N du Ryujo) sont obligés de faire demi-tour.
Durant la nuit du 2 au 3 juin, une terrible tempête disperse la flotte japonaise l'obligeant à renoncer au débarquement sur Adak et Kakuta décide de lancer le 3 juin un nouveau raid contre Dutch Harbor.
C'est ainsi qu'à 17h40, une vague de 10 A6M2, 11 D3A1 et 6 B5N soit 27 avions. Un Zero piloté par le second-maitre Koga endommagé se pose en catastrophe sur l'île d'Akutan et en théorie ses deux alliers doivent détruire l'appareil mais pensant le pilote encore en vie ils s'abstiennent (le pilote est en fait décédé sur le coup les vertébres brisées).
Les américains récupéreront l'avion, le remettront en état de vol et pourront ainsi trouver un moyen de le neutraliser. Certains historiens de la guerre du Pacifique estimant que la récupération de l'appareil à été un coup bien plus sévère porté aux japonais que la perte de quatre porte-avions.
Le raid terminé, les avions japonais sont surpris par neuf P40 qui abattent deux Val et endommagent deux Zero en l'échange (selon les japonais) de cinq P40. Vers 10h00, les avions de reconnaissance américains repère la flotte et donnent l'alerte. Six B-26 Marauder armés de torpilles décollent mais un seul appareil parvient à attaquer mais sans succès.
L'attaque de Dutch Harbor est terminée et avec elle la pseudo-diversion qui n'en est pas une. Entre-temps, l'amiral Kakuta à reçu de très mauvaises nouvelles de Yamamoto au sujet du revers subi à Midway et il ordonne aux deux porte-avions de descendre le rejoindre pour reprendre les combats....avant de se retracter et d'ordonner le retour au Japon.