GRUMMAN A6 INTRUDER
(ETATS UNIS)Un A6E de la VA52 (CVW15) basé sur le USS Kitty Hawk (années 80). Aujourd'hui cet appareil sert de récif artificiel Introduction Avec un look inimitable, l’Intruder à représenté la colonne vertébrale de la force d’attaque de la marine américaine pendant plus de 30 ans. Du Vietnam à la Guerre du Golfe, il fût de tous les conflits dans lesquels l’US Navy fût engagée.
A ces appareils d’assaut proprement dits s’ajouta une version de ravitaillement en vol, le KA6D et une version de guerre électronique, l’EA6B Prowler encore en service mais qui tire peu sa révérence au profit du Growler, la version de guerre électronique du Hornet.
Origines et Versions Le prototype de l'Intruder désigné d'abord A2F1La guerre de Corée avait dévoilé une lacune majeure pour la marine américaine : un appareil d’attaque à basse altitude. Le programme fût lancé à la fin des années cinquante pour remplacer le Douglas A1 Skyraider comme avion d’attaque. Grumman obtint le contrat en 1957 après avoir dessiné un biréacteur à aile médiane. L’appareil désigné A2F1 effectua ainsi son premier vol le 19 avril 1960.
En 1962, les trois forces aériennes américaines (USMC USN et USAF) mirent au point une table de désignation commune et l’A2F1 devint l’A6A. Les premiers appareils entrèrent en service en février 1963 au sein de l’US Navy et de l’USMC.
L’Intruder ne tarda à connaitre son baptême du feu avec la guerre du Vietnam où il fût le seul appareil d’attaque américain à pouvoir combattre par tous les temps y compris durant les pires heures de la mousson. Les premiers Intruder engagés dans le conflit vietnamien furent les appareils de la VA-75 embarqués à bord de l’USS Independence (CVA62) qui larguèrent leurs premières bombes en juillet 1965. 10 flottilles de la Navy et un escadron des Marines équipés essentiellement d’A6A et et d’A6E effectuèrent 34 campagnes tandis que les versions A6B et A6C moins réussies n’équipèrent que très partiellement les flottilles mais effectuèrent quand même 13 campagnes
84 Intruder furent perdus durant le conflit : 10 par des missiles sol-air, deux par des Mig, 16 autres au combat de causes diverses et 56 par de la DCA et des tirs venus du sol. A noter que les Intruder de l’USMC opéraient le plus souvent depuis la terre (bases aériennes de Chu Lai et de Da Nang).
Le dernier A6 perdu fût un appareil du VA35 (USS America) piloté par les lieutenant Graf et Hatfield abattu par des tirs venus du sol le 24 janvier 1973 lors d’une mission
d’appui aérien rapproché. L’équipage sera récupéré par un hélicoptère de l’US Navy.
Après le Vietnam, les Intruder connurent le feu au Moyen Orient puisqu’ils furent engagés au dessus du Liban en appui des forces internationales au Liban (1983). Un appareil fût d’ailleurs abattu le 4 décembre par les syriens.
A la fin des années 80, deux unités de la Naval Reserve volant sur A7 Corsair II furent équipés d’A6E et basés à NAS Atlanta (Géorgie)et à NAS Alameda (Californie)
Trois ans plus tard en avril 1986, deux squadrons équipés d’Intruder (VA 34 «Blue Blasters» de l’USS America et VA55 « Warhorses» de l’USS Coral Sea) participèrent à l’opération «El Dorado Canyon» de représailles sur la Libye.
Ce fût ensuite la guerre du Golfe qui vit les Intruder de la Navy et de l’USMC effectuer plus de 4700 sorties pour des missions d’appui rapproché, de destruction des défenses antiaériennes de l’ennemi, attaquant des navires de guerre irakiens et des cibles stratégiques à l’aide d’un nombre toujours plus importants d’armes guidées ce qui donna naissance à la funeste expression de «guerre propre». Les A6 opérèrent depuis le Saratoga, Le Ranger, le John F. Kennedy, l‘America, le Midway et le Théodore Roosevelt. 4 appareils furent abattus par la DCA et les missiles sol-air irakiens.
Après avoir participé au soutien de l’opération de surveillance aérienne de l’Irak, ils furent de l’opération Restore Hope en appuyant les marines débarquant en Somalie. Le dernier Intruder des Marines fût retiré du service le 28 avril 1993 mais les A6 de la Navy jouèrent les prolongation puisqu’ils participèrent à la guerre de Bosnie en 1994.
L’A6 Intruder aurait du être remplacé par l’A12 Avenger II mais ce programme fût annulé à cause de dérapages de coût et l’appareil fût retiré du service le 28 février 1997 non sans débat, certains regrettant que l’on ne confie des missions fort dangereuses à des appareils coûteux comme le Hornet et le Tomcat alors que l’Intruder plus rustique aurait pu encore rendre des services pendant plusieurs années.
Aujourd’hui, certains appareils ont été immergés pour servir de récif artificiel dans l’Intruder Reef au large du comté de St John (Floride). Certains seraient stockés à Davis-Monthan.
Un A6C, une version de l'Intruder destinée à l'attaque de la piste d'Ho Chi MinhYA-6A : désignation des huit prototypes et appareils de pré-série destinés au développement de l’appareil
A-6A : première version de l’Intruder construit autour du système Diane (Digital Integrated Attack Navigation Equipement/Système intégré de navigation et d’attaque) permettant à l’appareil de bombarder des cibles de nuit et par mauvais temps. Ce système se compose du radar de recherche Norden AN/APQ-92, du radar de poursuite AN/APQ112, de l’altimètre AN/APN 114, du radar de posotion AN/APN 153, le tout géré par un ordinateur. 488 appareils incluant six appareils de pré-productions furent construits et souvent convertis dans des versions améliorées
A-6B : Pour fournir à la Navy un appareil destinés aux missions SEAD (Suppression of Ennemy Air Defence), 19 A-6A furent modifiés en A-6B. Cette version voyait le remplacement du système Diane par des systèmes de détection et de poursuite des radars ainsi que l’embarquement de missiles antiradar AGM-45 Shrike et AGM-78 Standard. 5 appareils furent détruits et le reliquat convertit en A6E à la fin des années 70.
A-6C : 12 A6A furent convertis en 1970 en A6C. Ces appareils étaient spécialement dédiés à l’attaque de la piste Ho Chi Minh qui ravitaillait le Viet Cong. Ils étaient équipés du système TRIM (Trails/Roads Interdiction Multi-sensor) composé d’un FLIR, d’une caméra TV à bas niveau de lumière et du système «Black Crow» de détection des échappements. Un appareil fût perdu au combat et les autres furent plus tard transformés en A6E
KA6D : au début des années 70, 78 A6A et 12 A6E furent transformés en ravitailleurs en vol pour soutenir les avions d’assaut. Le système Diane fût débarqué et un système de ravitaillement installé dans le fuselage auquel s’ajoutait des pods sous les ailes. En théorie, ces appareils pouvaient participer à des missions de combat mais apparement ce ne fût pas le cas. Le retrait de cet appareil fût la cause d’un grand déficit opérationnel au sein des CVW. Le Viking le remplaça dans ce rôle mais sa capacité d’emport en carburant était bien plus faible. A la suite du retrait du Viking, c’est le Super Hornet équipé d’un système de ravitaillement amovible qui assure cette mission.
A-6E : C’est la version définitive de l’Intruder qui entra en service en 1970 avant d’effectuer son premier déploiement le 9 décembre 1971. L’évolution concernait surtout le système électronique, le système de navigation et d’attaque d’origine fût remplacé par un radar multimode Norden AN/APQ148 tandis que l’ordinateur de bord était rendu plus fiable. Les A6E reçurent également un système de navigation inertiel AN/ASN 92 avec le système CAINS (Carrier Aircraft Inertial Navigation System)
A partir de 1979, tous les A6E reçurent l’AN/AAS-33 DRS (Detecting and Ranging Set), un élement du système TRAM (Target Recognition and Attack, Multi-Sensor/ Système d’acquisition de cibles d’attaque multi senseurs) composé d’un tourelle au stabilisé par gyroscopue monté juste en dessous du nez et comprenant un FLIR avec un télémètre laser , le tout géré par ordinateur. Le TRAM ne fonctionne pas seul, il est couplé avec le radar Norden AN/APQ-156.
Les A6E sont également équipés du système AMTI (Airborne Moving Target Indicator) permettant le suivi des cibles mobiles et du système OAP (Offset Aim Point) permettant le largage de bombes sur coordonnés
Au début des années 90, quelques A6E furent à nouveau modernisés dans le cadre du programme SWIP (System/Weapons Improvement Program) pour permettre aux Intruder de mettre en œuvre les armes les plus modernes de l’arsenal américain : AGM65 Maverick, AGM84 Harpoon, AGM84E SLAM, AGM62 Walleye et AGM88 HARM. A la suite de problèmes de fatigue structurelle, 85% de la flotte d’Intruder reçut de nouvelles ailes en graphite/epoxy/titanium/aluminium et composite.
205 A6E neufs furent construits auxquels s’ajouta 240 conversions de modèles plus anciens
A6F et G : au milieu des années 80, Grumman proposa à l’US Navy son Intruder II. C’était un appareil quasiment neuf marqué notamment par le remplacement des moteurs Pratt & Whitney J52 par une version sans postcombustion du General Electric F404 (moteur équipant le F/A 18 Hornet). L’A6F avait également une avionique totalement neuve incluant un radar à ouverture synthétique Norden AN/APQ-173, un cockpit multi-fonction, une capacité de combat air-air avec des missiles AIM120 AMRAAM. Deux nouveaux pylônes d’aile furent installés. L’US Navy ne donna pas suite à ce projet préférant se concentrer sur l’Avenger II et après l’abandon de ce programme, Grumman proposa l’A6G qui combinait l’avionique de l’A6F avec les moteurs d’origine mais là aussi la marine américaine ne donna pas suite.
NA-6A : redésignation de trois YA-6A et trois A6A destinés à des tests divers
YEA-6A : un YA-6A converti pour servir de prototype à l’EA-6A
NEA-6A : un EA-6B modifié pour servir d’avion d’essai
Un des prototypes de l'A6F Intruder II qui s'apprête à se poser le 26 août 1987