Je rajoute une "couche"...
Du temps du "service militaire obligatoire", au sein de l'Armée de Terre et de l'Armée de l'Air, il y avait des pelotons de sous-officiers pour les appelés, d'où ils sortaient "sergents PDL" (pendant durée légale), avec des insignes de grade plus fins que ceux arborés par les sergents engagés au-delà de la durée légale.
Rien de tel dans la Marine Nationale, où un maistrancier, issu de l'Ecole de Maistrance, n'était promu second-maitre de 2ème classe, qu'après, dans le meilleur des cas, 3 ans de service, et le plus souvent, 3 ans et demi de service, après son admission à l'Ecole (2 ans de cours). Cas particulier, le personnel volant (pilote, navigateur, mécanicien de bord, électronicien de bord), qui durant sa formation et selon son classement pouvait être promu OM, après, au minimum, 2 ans et demi de service (sans avoir pour autant achever sa formation).
Sinon, les spécialités de pointe, dans les années 60, étaient essentiellement, des spécialisations de "rampants" de l'Aéronavale, telles que electronicien (Daraé) ou electromécanicien d'équipement (Elaer); j'appartenais à cette dernière spécialité et, en moins de quatre ans (46 mois) de service, j'avais ainsi été promu SM2, six mois après m'être cogné, au total, 17 mois de cours - 9 (BE)+8 (cours de chouffe) - en l'espace de 3 ans! Même dans l'Aéronavale, il y avait, alors, un paquet de "vieux" second-maitres, avec plus de 10 ans de service, qui "végétaient" sans espérer pouvoir accéder au Brevet Supérieur, faute de l'instruction générale nécessaire pour pouvoir prétendre être sélectionnés - çà n'avait, hélas, rien à voir avec leurs compétences et expériences techniques! -.
Dans le Service Général (les "chient-dans-l'eau"
), c'était encore pire, car on y trouvait un gros paquet de vieux "chouffes" (quartiers-maitres-chefs), très expérimentés, certes, mais qui flirtouillant avec les 15 ans de service, n'avaient pas, eux non plus, le niveau d'instruction général requis pour être sélectionner pour le "cours de chouffe", indispensable pour se voir attribuer la casquette, et dont la seule espérance était désormais de pouvoir accomplir 15 ans et six mois de service (plus leur précieux temps de campagne!), afin de bénéficier de la retraite "proportionnelle".
Les années 60 avaient été une époque un peu particulière, car de jeunes "trouducs" dans mon genre, promus officiers-mariniers, y côtoyaient encore quotidiennement des Anciens qui, eux, s'étaient engagés en 1944, dans la Royale, s'étaient farcis la fin de la WW2, l'Indo, Suez, etc.
. Au final, à grade équivalent, la moindre courtoisie, même "au bar (!), voulait qu'on les vouvoient, car certains d'entre eux auraient pu, sans problème, être notre "père"!
Dans les années 1950-1960, la Marine avait créé le grade de Quartier-Maitre CS (cadre spécial), attribué notamment (et avec parcimonie!) à des fusiliers-marins, bardés de décorations. Ce statut les autorisait à porter la tenue des officiers-mariniers, avec sur les manches, un galon or "zébré de rouge", et être logés avec eux. Au CFM Hourtin, en 1964, de mémoire, il y en avait deux ou trois; comme ils portaient bien souvent dans leur placard de décorations, la distinctive de la Légion d'Honneur, ils avaient droit au salut réglementaire des officiers, à tout le moins de la part de ceux qui ne s'étaient pas vu attribuer une telle récompense honorifique!
Je ne connais pas la "vitesse de progression" en grades qui pouvait exister, alors, dans les autres Armes, mais, au tournant des années 60-70, il y avait, clairement, dans la Marine, (au moins) deux vitesses, alors directement liées au niveau d'instruction générale. Dans l'intervalle, il y avait eu, aussi, le "Bac 68", avec 80% de "réussite"! En 1964, l'année où j'avais raté le Bac Math-Elem pour 6/10ème de point, déjà, nous étions peu nombreux et on flirtouillait péniblement avec les 50-55% de réussite, à la première tentative!