les pires "leaders"

bonsoir ou bonjour
pour relancer: quels sont - à votre avis- les pires "marins" du XX° siècle ?
(il vaut mieux ne pas parler des politiciens).
mes favoris: (par ordre alphabétique; mais liste non limitative, il y a d'autres postulants):
Kummetz, Lütjens, Mountbatten, et Sturdee.
à noter: certains de ceux-ci ont accédé aux plus hautes fonctions: les brits, bien sur.

Laborde, responsable du sort de la flotte à Toulon le 27 novembre 1942.

Toujours les mêmes on ne change pas une équipe qui gagne, je suis sûr que Churchill et Camille Pelletan ont failli se retrouver sur cette liste et sont immanquablement placé derrière l'appellation peu gracieuse de "politiciens"

Pour pouvoir établir ce genre de palmarès il faut quand même disposer de solides arguments et de sources documentaires précises ... et ne pas se laisser guider par ses sentiments
Après c'est une question de point de vue. Lütjens par exemple, sait-on quelles étaient les contraintes auxquelles il était soumis, connait-on l'avis de ses pairs au sujet de ses décisions etc etc ...

Mounbatten ? pourquoi lui ? plutôt par exemple qu'Hamilton, Harwood, Beatty ou Tom Phillips (qui partage avec Beatty le record du nombre de cuirassés anglais perdu sous les ordres d'un seul amiral en moins de quelques heures)

Contre exemple, Raymond Spruance considéré comme un des "grands" amiraux à la mer de la Seconde Guerre Mondiale, avait été vertement critiqué par nombre de Task Group Commanders au soir du 19 juin 1944 pour son attitude jugée excessivement attentiste ...

Autre contre exemple Halsey encensé par l'historiographie officielle - et hyper populaire au sein de la Navy - mais qui avec le temps et les travaux d'historiens s'était révélé être un amiral "à l'ancienne" dont certaines décisions furent négativement revisitées.

Ernie King l'archétype du sale con, détesté par nombre de ses pairs, cassant, hautain, méprisant envers nombre de ses subordonnés, mais un esprit très supérieur, organisateur né et véritable stratège dans le Pacifique.

Bref ...

Yamamoto grand stratège, visionnaire mais piètre tacticien ...

Autres contre exemples:

- Richmond Kelly Turner, autre modèle de sale con (pour reprendre l'expression de Pascal), "responsable" du désastre de Savo, mais qui a ensuite commandé avec succès la flotte amphibie américaine.

- Franck Jack Fletcher, jugé très sévèrement par certains historiens (Morrisson en particulier) et maintenant réhabilité par d'autres (Lundstrom par exemple).

- Nagumo : faut-il louer ses succès initiaux ou sa défaite à Midway ?

pascal a écrit:

Pour pouvoir établir ce genre de palmarès il faut quand même disposer de solides arguments et de sources documentaires précises ... et ne pas se laisser guider par ses sentiments.

C'est très loin d'être simple!
De Grasse avait ainsi enchainé, dans la foulée, une victoire navale suivie d'une défaite!
Lutjens avait, quelques semaines plus tôt, mené à bien la croisière du Gneisenau et du Scharnorst.
Nelson, en personne, s'était pris une "tôle" devant Boulogne.
La Flotte française, en dépit de son infériorité numérique, avait, dans un premier temps, gagné la bataille de la Hougue, en 1692, pour finalement se prendre une notable "fessée", les jours suivants, en raison des caprices de la météo, qui l'avait contrainte à se disperser.
Villaret-Joyeuse, avec, à ses côtés, Jean-Bon Saint-André, avait tenté de faire au mieux, avec ce qu'il avait "sous la main" (en tant que cadres), lors de la bataille du 13 Prairial An II.
Bruix avait surement trop tardé à quitter le mouillage d'Aboukir.
Villeneuve commandait une flotte "combinée" franco-espagnole, ce qui n'était déjà pas simple, mais, en plus, elle était matériellement et physiquement rincée après un long périple qui l'avait expédiée dans les Caraïbes, pour tenter d'y attirer le Brit!
L'énumération des exemples est sans fin.
De manière générale, il y a, aussi, beaucoup plus de facteurs essentiels qui sont incertains en mer qu'à terre.
En 1941, la Wehrmacht échoue fort heureusement devant Moscou, à la fois et en partie à cause, au départ, d'une météo exécrable qui retarde le déclenchement de Barbarossa, et la même météo, qui avait déclenché à l'automne, un hiver précoce, totalement inattendu, qui avait de surcroit perduré de manière extrêmement rigoureuse.
Même Napoléon avait été défait en Russie, par le "Général Hiver".

En principe, les combats terrestres se déroulent sur la "terre ferme", un environnement "fixe et stable" , généralement beaucoup moins capricieux que la mer, où, même, si, depuis la seconde moitié du XIXème siècle, la vapeur a permis aux marines de guerre de se libérer des contraintes des vents, le domaine maritime constitue encore de nos jours un terrain compliqué à exploiter et surtout "maitriser'.

Beatty, comme déjà précisé plus haut, alors en situation de supériorité numérique, s'était pris, dans l'après-midi du 31 mai 1916, lors de la Bataille du Jutland, une tôle particulièrement douloureuse; sauf que ses compétences de chef et intentions tactiques ne sauraient être, alors, mises en cause, car derrière la perte de plusieurs croiseurs de batailles, en à peine une heure de temps ou presque, il y a les "certitudes" de l'Amirauté britannique, depuis l'été 1914, sur la qualité desdits bâtiments, faux cuirassés mais, en réalité, croiseurs lourds, alors que la Kaiserliche Marine avait, grâce à Tirpitz, conçu de son côté, une génération de grands croiseurs (Großkreuzer), qui étaient, eux-mêmes, en raison de l'absence d'un réel empire colonial, de "faux croiseurs", et, pour les plus récents, à dater de 1910, étaient construits comme des cuirassés (ships of ligne), avec un compartimentage très soigné, des qualités et des épaisseurs de cuirassement égales voire supérieures à celles des super-dreadnoughts britanniques, mis en chantier et construits à période équivalente.

C'est du côté de la marine allemande qu'il convient de chercher historiquement l'origine réelle du "cuirassé rapide", soit-disant "développé" durant la période 1925-1935, sauf que l'Allemagne défaite ayant, alors, été mise au ban des nations, les Vainqueurs avaient pu, ainsi, "tranquillement" écrire l'histoire du contexte technique naval du conflit à leur sauce. La Royal Navy et ses très nombreux thuriféraires de tout crin s'étaient, alors, empressés de glisser sous le tapis, les "trucs gênants", avec, en conclusion, en mai 1941, la perte du "capital-ship" HMS Hood, dernier survivant, à très peu de choses près, de la classe des battle-cruisers de "14-18", objet, lui-même, de très nombreuses modifications pour améliorer sa protection, mais qui, après avoir encaissé une salve du Bismarck, au débouché méridional du Détroit de Danemark, avait définitivement sombré corps et biens, en moins de cinq minutes (je suis très "optimiste"!). Amen!

bonjour
ah ! pascal est agacé…
je lui ferait remarquer que je n'ai pas parlé des politiciens. l'un de ces guignols à dit: "la guerre est une chose trop sérieuse pour être confiée à des militaires".
mouais ! on a vu ce que cela donne quand les politiciens s'emmêlent.
à propos des noms que j'ai avancé.
Lütjens:
ce qui m'épate chez la plupart des amiraux allemands, c'est leur manque d'initiative.
à de rares exceptions près, ils obéissent aux ordres (au pied de la lettre).
on est très loin de l'audace des marins britanniques. un Vian, par exemple.
assez loin également de chefs tels que Hipper et Scheer.
en ce qui concerne Kummetz:
le Blücher à Oslo; la mise au point des torpilles; la bataille de la mer de Barentz…
quel CV !
Mountbatten:
certains historiens britanniques font remarquer que HMS Kelly, que l'on a un peu (à peine !), idéalisé, s'est davantage distingué par ses mésaventures, que par ses exploits.
et, comme si cela ne (lui) suffisait pas, son commandant s'est aussi distingué avec Dieppe en 1942, puis, comme vice-roi des Indes lors de l'indépendance de celles-ci.
pas de quoi en "faire un plat"; juste quelques dizaines ou centaines (?) de milliers de morts.
enfin Sturdee.
son "grand chelem" de 1914:
l'échappée du Gœben, la défaite de Coronel, et le désastre des Broad Fourteens…
rien que ça !
et il est devenu amiral de la flotte.
bon, si vous en voulez d'autres, il y a Pound, Beatty, Spee…
je préfère ne pas parler des français.
car depuis les Jean Bart, Suffren, Tourville, Duguay-Trouin, Surcouf, etc…
la chose publique semble préférer les vaincus. (vains-culs ?)
passe encore pour un Bérenger, (un sale vichyste; parait-il), mais un Levasseur ?
et nos politiciens (content, pascal ?), de se plaindre du manque d'idéal des djeunes.
pourtant, le culte de la défaite et du repentir…
… il n'y a rien de tel pour motiver !

[quote]Lütjens:
ce qui m'épate chez la plupart des amiraux allemands, c'est leur manque d'initiative.
à de rares exceptions près, ils obéissent aux ordres (au pied de la lettre)./quote]

Quand on a un chef de département comme le leur (Raeder) dont l'objectif principal est de ménager l'institution et de servir le politique sans se poser de questions çà n'aide pas à développer l'esprit d'initiative; surtout avec le genre de patron que l'on a au-dessus de lui qui n'est pas réputé pour être un garçon facile et qui se contrefout de la flotte de surface. Peur, pusillanimité, suivisme absence de réflexion stratégique, pauvreté des doctrines, ce n'est plus l'homme qui pêche mais le système.

Mountbatten, le Kelly, mine en portant secours à un pétrolier, abordage avec le Bulldog ou le Gurkha je ne sais plus* puis torpillé par une S-boot puis coulé par des bombardiers en piqué en Crète comme beaucoup d'autres bâtiments britanniques privés de couverture aérienne je dirais que beaucoup de destroyers n'ont pas vécu de telles aventures... Oui donc Mountbatten là-dedans?

La partition Inde Pakistan , parlons-en des centaines de milliers de morts , certes mais une marche vers l'indépendance à l'image du sous continent de ses oppositions confessionnelles féroces et de la taille de sa population. Au final à l'échelle de l'enjeu qu'était-il possible de faire ? Se rappeler que Gandhi est abattu en 48 par un ultranationaliste hindou, en bref il fallait un peu de doigté dans cette affaire.

Pour les autres certes on trouve de tout mais au final la critique est aisée et l'art difficile.


* relire les biographies patientes du Breton au sujet des destroyers britanniques pour se rendre compte que les abordages sont monnaie fréquente à cette époque

Pour Mountbatten il faut rajouter le HMS Javelin torpillé le 29 novembre 1940 lors d'un engagement avec des destroyers allemands.

Sa conduite dans cet engagement a fait l'objet de nombreuses critiques.


Par compte pour Dieppe son échec est plus discutable (premier raid de cet envergure menée en Europe) et on a su en tirer les leçons pour Overlord.