vainqueurs maudits ?

bonsoir
qu'a-t'on donc à reprocher au commandant de l'Aconit ?
le capitaine de corvette Levasseur.
sur un maximum de sites, on célèbre l"exploit de cette corvette, sans jamais citer le nom de son commandant.
de plus, la Marine Nationale n'a jamais donné son nom à un aviso.
de même que celui du vainqueur de Koh Chang;
mais, en ce qui concerne ce dernier, le capitaine de vaisseau Bérenger, on lui reproche d'avoir été un marin de Vichy.
pourtant, certains de nos généraux, "vichystes' jusqu'à novembre 1942, sont devenus maréchaux…
je serai sans doute soupçonné d'être conspirationniste, mais je m'interroge…

warburton a écrit:

[…] qu'a-t-on donc à reprocher au commandant de l'Aconit ?
le capitaine de corvette Levasseur. […]

Strictement rien.
Sur le présent forum - il y a quelque temps - nous avions évoqué cette question, dans les mêmes termes ; avec la même conclusion.

Citation :

[…] sur un maximum de sites, on célèbre l"exploit de cette corvette, sans jamais citer le nom de son commandant.[…]

un maximum ?
Pas tous.
Ceux qui sont bien renseignés ne l'occultent pas.

Citation :

[…] de plus, la Marine Nationale n'a jamais donné son nom à un aviso. : scratch:[…]

à un aviso ? Pourquoi pas plutôt à une corvette ?
D'ailleurs il n'y a plus dans la marine, ni aviso, ni corvette.
Ceci posé, je comprends l'allusion aux avisos, comme à des A69, destinés à célébrer la gloire des héros de la France Libre.
La raison est peut-être que le nombre d'unités dans la série (17) était trop réduit. Il a fallu sélectionner et faire des choix.

Citation :

[…] de même que celui du vainqueur de Koh Chang ; […]

Même sujet évoqué il y a quelque temps (en même temps que celui de Levasseur) ; avec la même conclusion.

Bonjour,

Effectivement, ce ne sont pas les noms à donner qui manquent, mais plutôt les bateaux pour les recevoir...

Dans le même cas, Étienne Schlumberger, ingénieur du génie maritime, commandant de sous-marin de la France Libre, compagnon de la Libération. Son nom a tout de même été donné, de son vivant, à un transport de GPL construit à La Ciotat au début des années 1980, en hommage à sa deuxième carrière dans l'industrie gazière. https://www.ordredelaliberation.fr/fr/compagnons/etienne-schlumberger

Un point commun avec Levasseur, il lui a succédé comme directeur des études de l'École navale, en juin 47. Paradoxe, ni l'un ni l'autre n'avait été élève de l'école, ce qui n'avait pas manqué de soulever de fort remous. Sans doute une manière de protéger les élèves de l'influence des "gens de Saint-Yorre".

Bleu Marine a écrit:

[…] Effectivement, ce ne sont pas les noms à donner qui manquent, mais plutôt les bateaux pour les recevoir...[…].

En fait, et plus prosaïquement au sujet des A69, il se trouve que - à l'exception du Commandant L'Herminier - la sélection a été opérée parmi les héros morts au combat, ou en déportation, ou bien torturés par l'ennemi.
Pour L'Herminier il a peut-être été considéré que le sacrifice de ses jambes valait sacrifice de sa vie.

La "mode" navale, qui consiste à attribuer le nom d'un combattant à un navire de guerre, est, en France, d'essence relativement récente.

Du temps de l'Ancien Régime, seuls, quelques vaisseaux de 1er rang avait été baptisés en l'honneur du souverain régnant - exemples : Le Royal Louis, attribué à 5 trois-ponts entre 1666 et 1778, auxquels on peut rajouter l'Impérial, brièvement renommé Royal Louis, en 1814 - le Dauphin Royal, en 1667 et 1790, qui avait été rebaptisé le Sans-Culotte, en 1792, puis l'Orient, en 1795 -.

Durant le Ier Empire, on avait baptisé un certain nombre de ces mêmes vaisseaux de 1er rang - trois-ponts (110 canons) et deux-ponts de 80 et 74 canons - avec des noms de victoires terrestres (Iéna, Austerlitz, Montebello, Friedland)... faut dire, aussi, qu'on aurait été bien à la peine pour dénicher une victoire navale digne de ce nom!

Ladite "mode" n'avait débuté que sous la IVème République, à vue de nez, à dater du début la décennie 1880, avec les cuirassés Courbet, Amiral Duperré, Amiral Baudin, Hoche, Marceau et, de manière plus intensive, avec les croiseurs et croiseurs cuirassés - dans cette dernière classe, hormis, Gloire et Marseillaise, les 25 autres avaient été baptisés de noms de figures militaires plus ou moins célèbres.... Amiral Charner, promu Amiral de France en 1864,Amiral Aube, classe Gloire - pour lui, il convient de se référer aux concepts de "La Jeune Ecole", dont il avait été, certes, l'initiateur, mais qui avaient, hélas, été largement dévoyés au fil des successions des Ministres de la Marine -, Jeanne d'Arc, etc.

A dater de 1901, le virage s'était très sérieusement politisé, en n'attribuant, désormais, aux croiseurs-cuirassés que des noms d'hommes politiques, Jules Ferry, Léon Gambetta, Edgard Quinet, Waldeck-Rousseau et d'écrivains, Victor Hugo, Ernest Renan, tous, dûment estampillés "Républicains bon teint",

Merci, Loïc.

En effet.

Avec quelques exceptions. Pour s'en tenir aux 494 vaisseaux de la période 1650-1850, connus sous 773 appellations  (source : Jean Boudriot) :

Cassard (1795), ex-Dix-Août (1791)
Desaix (1850)
Desaix, ex-Tyrannicide (1791)
Dugommier * (1797), ex-Pluton (1778)
Duguay-Trouin : 1876 -1794 -1811 -1827
Duguesclin : 1804 -1823
Duquesne : 1787 -1810 -1847
Hoche (1797), ex-Barra (1791)
Hoche (1870), ex-Prince Jérôme (1854), ex-Annibal (1827)
Jean-Bart : 1788 - 1811
Jean-Bart (1868), ex-Alexandre
Marat (1793), ex-Lion (1791)
Marceau (1797), ex-Gasparin (1794) ** ex-Aquilon (1787)
Masséna (1835), ex-Sceptre
Pelletier (1793) ***, ex-Séduisant (1782)
Suffren 1790 - 1801 - 1824
Tourville 1787 -1847
Turenne (1827)
Viala (1794) (Voltaire en 1795)

* Général, 1738-1794
** Conventionnel et membre du Comité de salut public, 1754-1793
*** Le Pel(l)etier de Saint-Fargeau, 1760-1793 (ou quelqu'un d'autre ?)

Plus des noms un peu plus "génériques" : Comte d'Artois, Comte de Morville, Duc d'Angoulême, Duc d'Orléans, Duc de Bordeaux, Duc de Bourgogne...

En résumé, quelques grands marins (Tourville, Jean-Bart, Duguay-Trouin...), des généraux, quelques révolutionnaires qui n'ont pas tous tenu dans la durée.

Bleu Marine a écrit:

Plus des noms un peu plus "génériques" : Comte d'Artois, Comte de Morville, Duc d'Angoulême, Duc d'Orléans, Duc de Bordeaux, Duc de Bourgogne...

... qui, eux, faisaient tous référence à des membres de la famille régnante, qui avaient été en charge de hautes fonctions d'état.
Quelques grosses unités, au XVIIIème siècle, avaient également été baptisées en remerciement des fonds récoltés régionalement pour leurs constructions, les Etats de Bourgogne, le Commerce de Marseille, la Ville de Paris