Ce qui me navre lors de l'opération Catapult c'est que l'on parle beaucoup plus de Mers el Kebir que d'Alexandrie ou deux amiraux confrontés au meme dilemme ont de concert décidés contre l'avis de leurs supérieurs hiérarchiques et surtout ce qui n'est pas rien de Churchill et de Darlan, d'essayer un protocole et ont réussi à éviter un bain de sang.
Alexandrie ou le Gentlemen's agreement.A Alexandrie, où se trouvait la force X, les anglais dans le cadre de l'opération Catapult avaient reçu pour consigne de s'emparer des navires français. La situation aurait pu tourner au drame comme à Mers el Kébir, l'amiral anglais Andrew Cunningham ayant reçu les mêmes instructions de l'amirauté britannique.
L'amiral Godfroy commandait la force X, composée du cuirassé Lorraine, des croiseurs Suffren, Duquesne, Tourville et Duguay Trouin, de 3 torpilleurs et d'un sous-marin.
L' amiral Cunningham disposait des cuirassés Warspite, Malaya, Ramillies, Royal Sovereign et du porte-avions Eagle, de 5 croiseurs, et de 5 sous-marins, en outre il était chez lui dans sa base, il disposait donc d'une supériorité écrasante.
Godfroy reçu l'ordre de l'amirauté française d'appareiller au besoin en combattant. Cunningham s'y opposa en raison des instructions formelles de l'amirauté britannique.
Godfroy n'a pas insisté, les deux amiraux avaient convenu d'attendre, lorsque la nouvelle de l'attaque de Mers el Kébir fut reçu par les français, tendant au plus haut point la situation.
Le 4 juillet au matin, les navires de la force X trouvèrent les pièces des bâtiments anglais braqués sur eux. La remarque en fut faite à Cunningham qui fit remettre les canons dans l'axe. Le sang froid des commandants français se mettant ostensiblement à procéder à l'entretien des navires sous les yeux des anglais détendit l'atmosphère. Les anglais firent savoir qu'ils ne feraient rien pour s'emparer par la force des bâtiments français; ceux- ci débarquaient leur mazout et entreposaient au consulat de France les obturateurs de canons et les pointes percutantes des torpilles.
Le 7 juillet un accord écrit est signé par les deux amiraux:
-Les navires seront maintenus dans leur état présent et ne seront pas sabordés.
-Aucune tentative ne sera faite par les britanniques pour s'en emparer.
-Débarquement d'une partie du personnel à rapatrier vers la France.
-Le personnel restant n'entreprendra aucun acte hostile envers les britanniques.
-Prescriptions diverses concernant la vie matérielle des marins français à Alexandrie.
-Dans le cas ou des bâtiments de guerre français seraient pris et utilisés par les italiens ou les allemands l'accord serait rediscuté.
L'accord bien que déplaisant à la fois à l'amiral Darlan et à Churchill fut scrupuleusement observé jusqu'en 1943.
Toutefois l'amiral Godfroy dut faire face pendant cette longue période à pas mal de désertions.
Il faut citer notamment parmi l'équipage du Duquesne qui quitta l'amiral français pour rejoindre les Forces Navales Françaises Libres, le capitaine de frégate Auboyneau qui deviendra amiral, et le lieutenant de vaisseau Honoré d'Estienne d'Orves mort en martyr de la Résistance.
Alain

Le cuirassé Lorraine à Alexandrie en juillet 1940, derrière on distingue les cuirassés britanniques Warspite et Malaya.

Sur cette photo prise en 1942 à Alexandrie on voit au premier plan le croiseur lourd Tourville avec à couple le torpilleur Forbin; derrière on reconnait la silhouette particulière du porte avions britannique Eagle.