Triste nouvelle, je plussoie.
- NIALA a écrit:
- .. la marine est déjà le parent pauvre des livres et revues sur l'armée en général.
Le marché potentiel de l'histoire navale a, toujours, été beaucoup plus étroit, en France, que, notamment, chez nos voisins britanniques, iliens par excellence, même, si, à certaines époques - je pense plus particulièrement à la fin du XIXème siècle - il avait affiché, chez nous, une réelle richesse littéraire.
Après, il ne faut pas, non plus, minorer les effets de la longue "crise" que subit, depuis plusieurs années, la presse "papier", surtout le marché du magazine périodique, de surcroit, étroitement, encadré légalement, aussi bien en termes de Prix de Vente Public, de nombre de pages que de périodicités - par exemple, le nombre annuel autorisé de "Numéros Spéciaux" ou de "Hors Série" est strictement contrôlé.
En plus, en ce qui concerne le seul marché français, hormis la presse quotidienne, qui, elle, avait été dispensée de "cracher au bassinet" pour tenter de sauver les fesses des ex-NMPP/Presstalis et "vieux fief" reputé et tout puissant du Syndicat du Libre CGT, tous les autres éditeurs avaient été largement ponctionnés avec, à la clé, des "retours sur ventes", "gelés" et, pour le reste, versés avec un lance-pierre, par Presstalis, 180 à 200 jours plus tard après leur retrait du rayon!
Dans la foulée, Presstalis, en dépit des efforts de la gouvernance, avait fini par mettre la clé sous la porte en 2018-2019 et à faire l'objet d'une liquidation judiciaire, qui avait eu pour conséquence directe que les éditeurs avaient été priés de s'asseoir sur une bonne partie, voire la totalité de leurs créances, bloquées jusque là par l'entreprise en déconfiture.
En dehors de ce "désastre financier", c'est, aussi, la distribution nationale française des magazines qui en avait pris plein la poire, car, à quelques exceptions régionales près, Presstalis détenait le monopole des renouvellement des rayons chez les "points-presse" les buralistes et les GSA (grandes surfaces alimentaires avec un rayon "périodiques").
Cà explique, aussi, pourquoi, il est, de nos jours, souvent compliqué de trouver, en zone semi-rurale, rurale ou, même, urbaine, son ou ses magazines préférés. Certes, des entreprises privées se sont efforcées de prendre le relais, mais la couverture nationale reste incomplète.
Reste le marché du "beau livre", à 40, 50 roros, voire beaucoup plus - exemple, les ouvrages des éditions l'Ancre de Feu Jean Boudriot, à 80 ou 150€/pièce -. Légalement, le marché est, certes, plus souple, mais, aussi, nettement, plus pointu quant à l'obtention du volume de ventes espérées, ne serait-ce que pour couvrir les frais de production et envisager un retour sur investissement... et çà ne s'arrange pas quand il s'agit, en France, d'une "niche", telle que l'histoire navale!
Accessoirement, "chez nous", il existe un problème "spécifique" de fournitures photographiques "nationales" ; Alain, tu es très bien placé pour parler de Descamps et de sa pratique de tarifs prohibitifs... particulièrement, quand il s'agit d'illustrer un ouvrage, après l'apparition des premières épreuves photographiques! Sur ce seul plan, ils n'ont rien à envier aux héritiers "âpres au gain" de la "Fondation Hergé"!
Pour un bouquin de qualité, avec couverture cartonnée, papier glacé, etc. vendu, selon sa pagination finale, entre 39,90 & 49,90 €, c'est, déjà, très compliqué. déjà parce que, même, si le PVP est sensé être libre, l'éditeur est contraint de coller au plus près du prix de marché réaliste!
Après, en ce qui concerne les auteurs compétents fiables ou sérieux, dans le domaine naval, ils ne courent pas les rues dans notre Belle France, et, pour l'essentiel, ne sont bien souvent que des retraités "passionnés", qui ne tablent pas sur les "droits d'auteurs", pour assurer leur quotidien; car à 8% HT, voire 10%, au-delà de 1000 exemplaires vendus - ce qui constitue une vraie réussite commerciale! - , on ne risque pas de faire fortune, vu que, dans le meilleur des cas, l'auteur touchera, après 18 mois de ventes cumulées... 3 500/4000 € de droits d'auteurs, que l'URSSAF "Limousin" (?) des auteurs-écrivains va s'empresser de ponctionner!
Cette ponction fiscale est d'autant plus tordue, que, de nos jours, avec le prélèvement à la source, elle est effectuée sur la base des versements de droits réalisés au premier trimestre de l'année suivant la période de vente; or, çà correspond, pile-poil, à l'échéance légale du règlement des droits d'auteurs. Ce qui fait que, moi-même, en 2021, j'avais été ponctionné, pour l'exercice 2020, à partir d'un unique versement de 3200 roros, effectué en février 2021, sur la base supposée de "4 trimestres" au même tarif. Résultat, en janvier dernier, l'URSSAF a été contrainte de me "rembourser" 500€ de trop prélevés!
Cà fait, désormais, 17 ans que je bosse en tant que "free-lance", pour successivement, deux éditeurs, plus un travail unique (un seul article!), en 2008-2009 pour un troisième. Depuis 12 ans, je travaille, sans discontinuer pour Caraktère, l'un des très rares éditeurs qui a encore pignon sur rue. Un, j'ai eu de bol, quand, en 2009, c'est lui qui était venu me chercher, deux, depuis le temps, très modestement, j'y perdure et crois en connaitre les "méandres" industrielles.
Certes, je me suis spécialisé "économiquement", au fil du temps, dans le matériel allemand 39-45, mais ma "passion" naturelle première reste la vieille "marine en bois" et la "révolution" vapeur-cuirasse entre 1850 (à la louche) et 1914. Le plus beau de l'histoire est que, pour sortir de la sempiternelle "ronde" 14-18/39-45, très largement exploitée, je me retrouve, désormais, avec la commande d'un N° hors-série ou d'un bouquin à couverture souple, à 24,90 € -çà va dépendre de la "qualité" de ma ponte! - sur la Marine en bois française et un autre bouquin, au format encore non défini, sur nos vieux cuirassés français "1872-1914".
Dans le domaine navale, même sans avoir, pour autant, vécu dans les périodes considérées, un minimum d'expérience personnelle s'avère être requis. C'est tout bête, mais, si avec une petite expérience militaire et à l'aide des nombreux écrits et archives officielles, on est capable d'appréhender presque, correctement, l'ambiance "possible" des combats terrestres, c'est beaucoup plus compliqué quand il s'agit de l'univers naval combattant, quelque soit son camp.
Si on se réfère aux combats navals "isolés", par exemple, durant les guerres de la Révolution et de l'Empire, on est en droit de se poser de légitimes questions sur la fréquence des "redditions" de bâtiments français (essentiellement, des petites unités, des corvettes ou des frégates), au point que ces bâtiments capturés, en 1814, avaient fini par constituer un tiers de la flotte de la RN! Il y a une tripotée de réponses, en passant par le "dézingage" révolutionnaire du Corps des Officiers de Marine, le résultat du blocus de nos ports de guerre par la Royal Navy et le manque flagrant d'expérience du combat de nos équipages, plus les problèmes avérés de recrutement de la Marine, qui se résumaient, en gros aux seuls volontaires engagés et aux "inscrits maritimes".
On va appeler "un chat, un chat", jusqu'en 1812 et la catastrophique "Campagne de Russie", il valait, largement, mieux s'engager chez les "Biffins", ne serait-ce que pour la solde, les conditions de vie au quotidien, et les possibles promotions, alors que, chez les "Matafs", où on avait plus de chances de crever du scorbut, se prendre un pélot dans la tronche, que d'être promu quartier-maitre! Je ne connais pas, sauf dans l'armée de terre révolutionnaire ou impériale, de cas de sous-officiers, certes, très, voire exceptionnellement, compétents, qui aient fini généraux ou maréchaux d'Empire. Rien de tel, au sein de la Marine républicaine, puis impériale.
L'air de rien, même en 1913, avant le déclenchement du Premier Conflit Mondial, le quotidien du mataf de base était très loin d'être la sinécure relative, que vivait, alors, son homologue "Biffin", tout Corps confondus. C'est, d'ailleurs, entre parenthèses, toujours le cas, actuellement, même si les conditions de vie des "Matafs" se sont, elles, désormais, très sérieusement améliorées.
De mon modeste temps, en tant que second-maitre, tous les 15 jours, au plus, on se retrouvait "de service", entre 16H00 et 8H00 du matin et, dans le meilleur des cas, notre temps "d'embarquement", dans une affectation, se limitait entre deux ou trois ans - ce qui posait de sérieux problèmes parmi les "matafs" mariés ou chargés de famille.
A l'inverse, dans l'Armée de Terre ou de l'Air, on pouvait, aimablement "pantoufler", une fois, promu sous-off, avec une "contrainte" de service, de l'ordre de trois à quatre fois par an, et en se contentant de "satisfaire" (à minima!) aux impératifs de formation requise... pour éviter de se faire virer et louper sa "proportionnelle" ou ses "35 ans de carrière"!
A l'époque, à la sortie de la Guerre d'Algérie, on avait, d'un côté, une armée navale, essentiellement, constituée, historiquement, d'engagés volontaires à 65% les 35% restants étant, essentiellement, constitués "d'inscrits maritimes" - dont nos populations extra-marines (Antilles, Réunion) - et un très rare recrutement d'appelés de l'ordre de +/- 1 à 2%, notamment, parmi les EOR, au sein d'un encadrement de "carrière", qui, lui, flirtouillait, alors, avec les 98% de "professionnels", alors que nos Armées de Terre et de l'Air françaises étaient, elles, majoritairement, constituées d'appelés.
Voui, je sais, j'ai tendance à vouloir "mélanger" un peu tout, mais, néanmoins, les plus avertis d'entre vous sont parfaitement capables de mesurer le "particularisme" naval français.
De mémoire (mais je peux me planter), c'est Olivier de Kersauson, ancien officier de réserve de la Marine et, accessoirement, navigateur transocéanique accompli, qui avait repris, à minima, une formule péremptoire...
La Mer est ce qu'a dans le dos un français, quand il est sur la plage!