L'ILE D'OLERON ex MUNCHEN ex SPERRBRECHER 32 ex MUR

Histoire de l'Ile d'Oléron 



Lancé chez Weser à Breme, en Allemagne, le 13 septembre 1939, sous le nom de MUR pour le Norddeutscher Lloyd, c'est tout d'abord un cargo mixte de transport fruitier. En décembre 1942, il est réquisitionné par la Kriegsmarine, qui le transforme en forceur de barrage, il est renommé sperrbrecher 32 (1); du 26 octobre 1943 au 26 aout 1944, il est basé à Royan, il est transformé à partir du 13 septembre 1944 au 23 janvier 1945 par les Allemands en navire hôpital (450 lits) et rebaptisé MUNCHEN.
Le 9 mai 1945, à Saint-Nazaire, alors qu'il est en état de marche, il échoit à la Marine française, et reprend du service comme transport en août 1945 sous le nom d'ILE D'OLERON. Il rapatrie en métropole les familles dispersées, transporte des troupes vers l'Afrique, ramène de Dakar les 400 tonnes d'or de la Banque de France. En 1947, il est en Indochine. En 1948, il rentre à Toulon avec deux éléphanteaux destinés aux zoos de Paris et de Lyon. En 1952, il est placé en réserve spéciale à Brest.
En 1959, une refonte le transforme en bâtiment d'expérimentations. A ce titre, pendant quarante-quatre ans, il tirera des centaines de missiles : Malafon, Masurca, Exocet, Otomat, Milas et Aster. Il testera aussi presque tous les radars de la Marine.
Le bâtiment d'essais et d'expérimentation ILE D'OLERON a été retiré du service actif le 31 mars 2002, après 63 ans de bons et loyaux services.
Après condamnation (n°Q800), la coque de l'ILE D'OLERON a été coulée comme cible de tir au large de Toulon le 18 avril 2003.


Le Sperrebrecher 32 ex Mur et futur Ile d'Oléron.


L'Ile d'Oléron le 2 mars 1946, on distingue encore sur les flancs avant les renforts datant du temps ou il était sperrbrecher.


L'Ile d'Oléron en 1948 à Saigon, il a été utilisé comme transport en Indochine.
 

L'Ile d'Oléron en 1959 vient d'être transformé en navire d'expérimentation pour le lancement de missiles.


L'Ile d'Oléron en 1961 procédant à un lancement.
 

L'Ile d'Oléron, dernière mouture en mars 1997, un mat quadripode supporte de radar à été ajouté à l'arrière.


(1) pour ceux qui ne savent pas ce qu'était un sperrbrecher:

Un sperrbrecher est une sorte de dragueurs de mines utilisé par les Allemands durant la Seconde Guerre mondiale, signifiant, « forceur de blocus ». Ils faisaient partie intégrante de la Kriegsmarine. Il s'agissait de navires,soit réquisitionnés dans la marine marchande,soit de prises de guerre.
L’objectif des sperrbrecher étant uniquement de créer un chenal à travers un champ de mines ; pour cela ils précédaient les convois (bateaux ou sous-marins) pour créer un passage sûr à travers les mines et les protéger contre les attaques aériennes; ils étaient dotés d'un armement anti-aérien imposant et souvent protégés par ballons captifs.
Les sperrbrecher étaient des navires très robustes qui étaient équipés d'une double coque (ou d’une ceinture) de cuivre, contre les mines magnétiques, pourvus d'une réserve de flottabilité conséquente car ils transportaient dans leur soutes une grande quantité de liège et d'une perche à l'avant parcourue par un courant électrique pour faire sauter les mines  le mât articulé sur l'étrave du navire, servait à remorquer des paravanes destinées à écarter les dragues composées de câbles d'acier munis parfois de cisailles explosives qui sectionnaient les orins des mines qui remontaient à la surface et que l'on coulait au canon léger, à la mitrailleuse ou même au fusil; les dragues étaient traînées au travers des champs de mines, à une profondeur réglable .
Pour le dragage à influence magnétique, des câbles émettaient un fort courant électrique qui permettait de faire sauter les mines magnétiques; ils étaient équipés d'un système VES (Vibration Explosion System), qui est un énorme générateur de champ magnétique qui faisait exploser des mines magnétiques à bonne distance.
Plus de 100 navires, principalement d'anciens navires de la marine marchande, ont été utilisées pendant la guerre par la Kriegsmarine.

Photo de 1959
De l'arrière vers l'avant, radar DRBV-23, radar DRBI-10 et au dessus de la passerelle DRBC-51, suite que l'on retrouve sur le Colbert
Photo de 1961
Lancement d'une cible CT-20, et de l'arrière vers l'avant DRBV-22 et DRBI-10
Photo de 1997 suite de lancement d'Aster avec le radar correspondant
A+

Merci Starshiy pour ce complement d'information très intéressant.

Starshiy a écrit:

Photo de 1959
De l'arrière vers l'avant, radar DRBV-23, radar DRBI-10 et au dessus de la passerelle DRBC-51, suite que l'on retrouve sur le Colbert
Photo de 1961
Lancement d'une cible CT-20, et de l'arrière vers l'avant DRBV-22 et DRBI-10
Photo de 1997 suite de lancement d'Aster avec le radar correspondant
A+

salut pas sur du tout que sa soit une cible ct 20 !! sa ressemble plus a un V1
une photo d un ct 20

photo v1 a bord de l île d oleron
https://copainsdavant.linternaute.com/photo/v1-preparation-de-tir-b-e-ile-d-oleron-2492307

En fait, il s'agit d'un tir de CT 10, "dérivé" du V-1, produit à 400 exemplaires par l'Arsenal de l'Aéronautique/SFECMAS et mis en service à dater de +/- 1951

Starshiy a écrit:

Photo de 1959
De l'arrière vers l'avant, radar DRBV-23, radar DRBI-10 et au dessus de la passerelle DRBC-51, suite que l'on retrouve sur le Colbert
Photo de 1961
Lancement d'une cible CT-20, et de l'arrière vers l'avant DRBV-22 et DRBI-10
[…]

valdechalvagne a écrit:

[…]photo v1 à bord de l'Île d'Oléron […]

Sur cette photo de 1966, on aperçoit l'antenne radar DRBV-23, qui avait donc remplacé celle du DRBV-22 (de 1959) - complété du radar C-51, pour Masurca.
Le tout sans doute destiné aux installations des FLEG F60.

Loïc Charpentier a écrit:

En fait, il s'agit d'un tir de CT 10, "dérivé" du V-1, produit à 400 exemplaires par l'Arsenal de l'Aéronautique/SFECMAS et mis en service à dater de +/- 1951

Eguezacte !!!

DahliaRose a écrit:

Starshiy a écrit:

Photo de 1959
De l'arrière vers l'avant, radar DRBV-23, radar DRBI-10 et au dessus de la passerelle DRBC-51, suite que l'on retrouve sur le Colbert
Photo de 1961
Lancement d'une cible CT-20, et de l'arrière vers l'avant DRBV-22 et DRBI-10
[…]

valdechalvagne a écrit:

[…]photo v1 à bord de l'Île d'Oléron […]

Sur cette photo de 1966, on aperçoit l'antenne radar DRBV-23, qui avait donc remplacé celle du DRBV-22 (de 1959) - complété du radar C-51, pour Masurca.
Le tout sans doute destiné aux installations des FLEG F60.

Et tout en haut on dirait bien un DRBV-50

DahliaRose a écrit:

[…] Sur cette photo de 1966, on aperçoit l'antenne radar DRBV-23, qui avait donc remplacé celle du DRBV-22 (de 1959) - complété du radar C-51, pour Masurca.
Le tout sans doute destiné aux installations des FLEG F60.

Starshiy a écrit:

[…] Et tout en haut on dirait bien un DRBV-50

Très juste.  
Déjà visible sur la photo Marius Bar légendée par Niala "1959".
Ce qui me fait supposer qu'elle est en fait plus tardive… 1965-67 ?

une jolie photo d un CT 10

On voit l'un des deux boosters à poudre (peints en blancs), associés au chariot de catapultage et utilisés pour le lancement de l'engin.

Bonjour,

Merci à tous pour les infos et les photos.

NIALA a écrit:

Pour le dragage à influence magnétique, des câbles émettaient un fort courant électrique qui permettait de faire sauter les mines magnétiques; ils étaient équipés d'un système VES (Vibration Explosion System), qui est un énorme générateur de champ magnétique qui faisait exploser des mines magnétiques à bonne distance.

C'est effectivement ce qu'on lit à droite et à gauche sur le net. Mais j'ai un doute sur ces deux systèmes visant à faire exploser les mines magnétiques. Il me semble que le second cité (VES) serait plutôt destiné à faire sauter les mines acoustiques.

Un reportage-photo intéressant sur une épave de Sperrbrecher : https://frenchdiver-wim-csr.jimdofree.com/epaves-wrecks/gauss/
Voir notamment le bruiteur.

Bonjour, 

La création d'un champ magnétique ne peut être que pour détruire les mines magnétiques.
Pour les mines acoustiques ont utilisait des bruiteurs comme on en voit souvent à l'avant des dragueurs de mines de cette époque situés au bout d'une hampe pour l'éloigner de la proue du navire; ci dessous la photo d'un bruiteur. 

C'est bien pour ça que j'ai un doute sur la cohérence de l'information. D'autant que "vibration" fait plutôt penser à un son, qui est bien une vibration de l'air ou de l'eau.

Il ne me parait pas nécessaire de faire "vibrer" un champ magnétique pour faire exploser une mine magnétique.

Si quelqu'un a des informations plus précises...

Bleu Marine a écrit:

C'est bien pour ça que j'ai un doute sur la cohérence de l'information. D'autant que "vibration" fait plutôt penser à un son, qui est bien une vibration de l'air ou de l'eau.

Il ne me parait pas nécessaire de faire "vibrer" un champ magnétique pour faire exploser une mine magnétique.

Si quelqu'un a des informations plus précises...

Probablement plus pour lutter contre les mines à dépression
Mais il y avait aussi des mines magnéto-acoustique
https://www.deminex.fr/1ere-questions-mines-bombes-mines-marines/le-cas-particulier-des-mines-marines/
A+

Nos réponses se sont croisées j'étais en train de mettre la photo du D318 devenue Belladone avec son bruiteur et sa hampe à la proue, système utilisé à l'époque pour  détruire les mines acoustiques.

Merci pour ces compléments d'information.

Bleu Marine a écrit:

NIALA a écrit:

Pour le dragage à influence magnétique, des câbles émettaient un fort courant électrique qui permettait de faire sauter les mines magnétiques; ils étaient équipés d'un système VES (Vibration Explosion System), qui est un énorme générateur de champ magnétique qui faisait exploser des mines magnétiques à bonne distance.

C'est effectivement ce qu'on lit à droite et à gauche sur le net. Mais j'ai un doute sur ces deux systèmes visant à faire exploser les mines magnétiques. Il me semble que le second cité (VES) serait plutôt destiné à faire sauter les mines acoustiques.

Le sujet des différents types de mines et des dispositifs de détections embarqués pour les neutraliser, durant la WW2, est un domaine compliqué à souhait.  De nos jours, par exemple, sur Wiki, il est, le plus souvent, traité en termes généralistes, "piqués" à gauche et à droite, et il n'est pas rare que "ses auteurs" se prennent les pieds dans le tapis! , car il faut, dès lors, pouvoir se référer aux très rares manuels d'emploi encore existants, notamment côté allemand.

Les allemands, sans pour autant leur tresser des lauriers, avaient, également, bien souvent, un (sérieux) temps d'avance dans ledit domaine.

En ce qui concerne les mines terrestres, ils avaient ainsi mis en service, dès 1943, un dispositif conçu selon le principe du compteur Geiger, afin de repérer les mines à corps non magnétique, qui réagissait aux rayonnements radioactifs et permettait de repérer un petit sachet en cellophane contenant de 3 à 5 microgrammes de radium (!) mélangés à 200 grammes de sable, désigné « Tarnsand » (sable de camouflage), que, désormais, les sapeurs du Génie alliés et russes utilisaient systématiquement lors de l'enfouissement de leurs mines non métalliques, mais dont les alliés ne découvriront la technique de détection qu’après la fin du conflit !

Même motif, même punition pour les "poêles à frire" terrestres alliées utilisées jusqu'à la fin du conflit, qui n'étaient, au mieux, qu'une "amélioration" des modèles existants en 1939-1940! Juste un "détail" y relatif, les prisonniers de guerre allemands avaient réalisé, après-guerre, le déminage des plages, avec des "poêles à frire" alliées! ... ce qui explique, en partie, les pertes humaines subies, car les dispositifs allemands de détection, plus "pointus", en stock avaient, eux, tous, été, classés "secret défense"!

En ce qui concerne les mines sous-marines à fonctionnement acoustique, il conviendrait, un, de  pouvoir cerner leur date d'emploi effective par les Alliés, la mine à déclenchement "acoustique" étant d'un fonctionnement plus sophistiqué que le modèle magnétique, deux, de "vérifier" si  le système de "neutralisation" acoustique, mis au point par les Allemands, correspondait bien à leur date de "mise en service", car lesdits allemands, un gros poil paranoïaques, étaient souvent du genre "ceinture et bretelles", prêts à mettre en service un coûteux et, dès lors, inutile système de détection, alors même que ses adversaires n'avaient pas encore mis au point le système d'armes correspondant.   Cà avait, souvent, été le défaut de leur cuirasse, car ils se référaient à l'avancée de leurs propres travaux!  

Le lien, posté par Starshiy, est explicite, car le "bruiteur" afin de contrer les mines acoustiques et déclencher leur détonation devait émettre, à une certaine distance, une gamme de fréquences les plus proches possibles de celles générées par la machinerie et les hélices d'un bâtiment, d'où la mise en place, pour contrer le "bruiteur", dans le dispositif électrique de la mine, de filtres de fréquence "passe-haut" et "passe-bas". Bref, une belle "vacherie"!

"Heureusement", ces mines sophistiquées intégraient nécessairement une batterie et un circuit électronique à lampes, qui avaient, en principe, une durée d'activation de l'ordre de 60 à 80 jours, jusqu'à épuisement de leur source électrique interne... et, là, on en revient au "cas" du bâtiment français, en 1949 ou 1950, au mouillage en "baie de Quiberon", qui avait sauté sur une puissante mine de fond allemande... sensée s'autoneutraliser au bout de 80 jours!

Merci Loïc pour tes commentaires.

Tu fais sans doute allusion à la perte de la frégate météo Laplace, le 16 septembre 1950, en baie de la Fresnaye, proche du cap Fréhel (Côtes-d’Armor), préalablement draguée, mais sans arriver à un nettoyage à 100% (comme quoi c'est effectivement compliqué et peut-être illusoire.)

La perte dans la baie de Quiberon est sans doute celle-ci, pendant la Grande guerre : http://enenvor.fr/eeo_actu/wwi/sauvetage_hero%C3%AFque_en_baie_de_quiberon_l_enseigne_frank_monroe_upton.html

Bleu Marine a écrit:

Tu fais sans doute allusion à la perte de la frégate météo Laplace, le 16 septembre 1950, en baie de la Fresnaye, proche du cap Fréhel (Côtes-d’Armor), préalablement draguée, mais sans arriver à un nettoyage à 100% (comme quoi c'est effectivement compliqué et peut-être illusoire.)

"Eguezacte !!!", comme dirait Starshiy.