Déconstruction du Clemenceau : La « short list » du ministère de la Défense
Le Clemenceau, de retour à Brest crédits : Mer et Marine.com
Un courrier a été adressé, cette semaine, aux entreprises retenues dans
le cadre de l'appel d'offres de novembre 2006 sur la déconstruction de
l'ex-porte-avions Clemenceau. Les noms des trois à cinq groupes faisant
partie de cette « short list » sera communiqué dans les tous prochains
jours par le ministère de la Défense, une fois les lettres arrivées à
leurs destinataires. Les candidats auront, ensuite, jusqu'à fin mai
pour présenter une offre détaillée. Afin d'élaborer leurs dossiers, les
entreprises recevront tous les documents de la marine inhérents au Q
790 et pourront, également, avoir accès à la coque, amarrée à Brest,
afin de peaufiner leurs propositions. Par ailleurs, l'état des lieux
détaillé réalisé par Veritas leur sera remis. En décembre dernier,
Veritas, chargé de cartographier les matières dangereuses présentes à
bord de l'ancien porte-avions, avait présenté un rapport partiel sur
l'amiante. Le 14 février, ces résultats ont été suivis par une étude
complémentaire portant sur les autres produits. Ainsi, 83% des
prélèvements de peinture réalisés ont révélé la présence de plomb,
alors que 60% des prélèvements menés sur d'autres matériaux ont
démontré la présence de zinc. Les analyses ont, aussi, montré que la
coque contenait du plomb, du cuivre, du chrome, du nickel, de
l'arsenic, du cadmium et du strontium. Si cette liste de produits est
impressionnante, « les résultats de l'expertise montrent que les
concentrations de tous ces produits n'excèdent pas les normes
européennes », précise-t-on au Mindef. Veritas a également préparé des
recommandations pour organiser le chantier de démantèlement. Ces
recommandations portent, notamment, sur la manière de dépolluer le
navire, de le déconstruire en fonction de la présence de tel ou tel
produit dans les différentes tranches, d'éliminer les déchets ou encore
de les valoriser.
Le coût du démantèlement sera prélevé sur le budget de la marineAfin de mener à bien la démolition du « Clem », des conditions
draconiennes seront imposées aux candidats, qui devaient remplir de
nombreux critères afin d'intégrer la « short list ». L'Hôtel de Brienne
a notamment étudié la capacité financière des différents groupes, afin
de s'assurer qu'ils étaient assez solides pour mener à bien le projet.
Les compétences en matière de personnel, les capacités techniques, le
processus industriel et le niveau de mécanisation des activités (afin
de diminuer les risques d'accidents), ont également été passés au
crible. Après la remise des offres, prévue fin mai, la notification du
marché devrait intervenir fin novembre pour un commencement des travaux
début 2008. Le groupe retenu n'aura, alors, que 36 mois pour démanteler
la coque, qui restera la propriété de l'Etat durant toute la durée du
chantier. Le site où sera ferraillé le Q 790 devra se trouver dans
l'Union Européenne ou dans l'Association Européenne de Libre Echange,
qui comprend en plus l'Islande, la Norvège, la Suisse et le
Lichtenstein, excluant de fait des pays comme la Turquie. L'entreprise
qui conduira la déconstruction aura, néanmoins, la possibilité de
valoriser certains déchets en dehors de l'Union Européenne, par exemple
en vendant l'acier en Asie. Ces exportations, soumises à des
contraintes très importantes, devront concernées des déchets
partiellement ou totalement dépollués, ne présentant pas de danger pour
la santé ou l'environnement. Chaque valorisation hors UE devra être
validée par la marine et présenter un intérêt économique, c'est-à-dire
rapporter de l'argent. Le montant récupéré par la valorisation des
déchets doit, en effet, être déduit du coût du démantèlement, dont la
facture sera payée par le ministère de la Défense, sur le budget de la
Marine nationale. Certains industriels évoquent un coût de l'ordre
d'une vingtaine de millions d'euros, soit nettement moins que les 45
millions d'euros évoqués au moment du départ du Q 790 pour l'Inde.