HISTORIQUE Le Trento Le Trento en 1936Présentation -Le Trento est mis sur cale aux chantiers navals Odero-Terni-Orlandi (O.T.O) de Livourne le 8 février 1925 lancé le 4 octobre 1927 et admis au service actif le 3 avril 1929.
Le premier croiseur lourd de la marine italienne porte le nom d'une ville du nord-est de l'Italie, rendue célèbre par le concile qui organisa la réforme et la contre-réforme catholique contre le protestantisme (1545-1563). Appartenant au Saint Empire Romain Germanique puis à l'Empire d'Autriche puis à l'Autriche Hongrie, la ville et la province fût annexée par l'Italie en 1919.
Temps de paixLe Trento en 1935De juin à octobre 1929, le Trento effectua une croisière en Amérique du Sud et en février 1932 gagna Tianjin avec à bord les fantassins de marine du bataillon San Marco pour une démonstration de force destinée à protéger les ressortissants italiens présents en Chine alors que la tension entre chinois et japonais avait aboutit à de violents combats à Shanghaï. Il est de retour en Italie le 30 juin 1932.
En août 1933, le Trento et le Trieste retrouvèrent leur «demi-frère», le Bolzano au sein d'une 2ème division de croiseurs mais un an plus tard, en 1934, la Regia Marina se réorganisa et la 2ème division devint la 3ème division de croiseurs. Le Trento participa également à la guerre d'Espagne en compagnie de ses trois sister-ship.
Le Trento et la Seconde Guerre Mondiale (1940-1942)Le Trento à la mer en 1939. Notez la présence d'un hydravion Imam Ro 43 sur la catapulte encastrée dans la proueLe Trento connu son baptême du feu le 9 juillet 1940 au cours de la bataille de Calabre ou de Punta Stilo.
Les britanniques alignaient à cette occasion les cuirassés Warspite Malaya et Royal Sovereign, le porte-avions Eagle, les croiseurs légers Orion Neptune Sydney (Royal Australian Navy) Gloucester et Liverpool et 16 destroyers.
Les italiens eux avaient déployé les cuirassés Conte di Cavour et Giulio Cesare, les croiseurs lourds Zara Fiume Gorizia Pola Bolzano et Trento, les croiseurs légers Eugenio di Savoia, Duca d'Asota, Muzio Attendolo, Raimondo Montecuccoli, Alberico de Barbiano, Alberto Gussano Duca degli Abruzzi, Giuseppe Garibaldi et 16 destroyers.
Dans chaque camp, des convois transportant des renforts l'un à Malte et en Egypte et l'autre en Libye.
Cette bataille commença vers midi le 9 juillet alors que les deux camps étaient séparés d'environ 90 miles. Le vice-amiral Andrew Cunningham gêné par la faible vitesse de ses vieux cuirassés ne pouvaient pas se rapprocher aussi vite qu'il ne le voulait. Cependant à 13.15, le porte-avions Eagle lança ses Swordfish qui attaquèrent les croiseurs lourds italiens mais sans résultat.
Les croiseurs alliés précédaient le Warspite et repérèrent les italiens à 15.15 avant d'ouvrir le feu à 21500m. La riposte italienne est quasi immédiate, la qualité de la CT facilitant le répérage des cibles à la différence des alliés qui pataugaient en plein brouillard.
A 15.22, les italiens encadrèrent dangereusement les croiseurs alliés du vice-amiral John Tovey et ce dernier décida de rompre l'engagement à 15.30 avec le croiseur léger Neptune endommagé par un obus de 6 pouces du Giuseppe Garibaldi
Un autre engagement entre croiseurs ne donna aucun résultat, les obus de 6 pouces alliés tombant devant la proue des croiseurs Alberico da Barbiano et Alberto di Giussano.
Les croiseurs laissèrent alors les gros s'expliquer. Le commandant italien, le vice-amiral Inigo Campioni décida de se concentrer sur le Warspite et ordonna à ses deux cuirassés de se mettre en position. A 15.52, le Giulio Cesare ouvrit le feu à une distance de 26400m mais son sister-ship le Conte di Cavour resta muet, une décision curieuse mais qui pourrait s'expliquer par les leçons de la bataille du Jutland sur les difficultés de repérer un navire tirant seul à moins qu'il ne s'agissait de se prémunir contre un surgissement (à 18 noeuds mais un surgissement quand même) du Malaya et du Royal Sovereign.
Le Warspite lui divisa son feu (8 canons de 380mm) sur les deux cuirassés italiens. Le Giulio Cesare encadra le Warspite et ces obus endommagèrent deux destroyers anglais qui durent se retirer de la zone.
A 15.54, le Malaya ouvrit le feu mais se trouva hors de portée mais une minute plus tard, les croiseurs italiens attaquèrent le Warspite mais revinrent bien vite de leur témérité quand les croiseurs alliés renvinrent à la charge pour protéger leur navire amiral.
A 15.59, deux obus de 320mm du Giulo Cesare encadrèrent le Warspite qui lui plaça un obus de 15 pouces à l'arrière du cuirassé faisant exploser les obus de 37mm tuant deux marins et en blessant plusieurs autres alors que les fumées étaient absorbées par les salles de machine, obligeant les chauffeurs à evacuer la moitié des huit chaudières, faisant tomber la vitesse du cuirassé à 18 noeuds.
Le duel avait eu lieu à 26000 yards (24000m) ce qui constituait un record pour un tir entre deux cibles mobiles ce qui confirme l'excellence des artilleurs britanniques.
A 16.01, les destroyers italiens tendirent un écran de fumée pour permettre à leurs gros de se retirer sans dommage. La menace des croiseurs lourds italiens aurait pu pousser les alliés à se replier mais les croiseurs légers alliés et le Warspite poursuivirent la lutte.
Entre temps à 15.58, le Fiume tira à nouveau contre la ligne de bataille alliée et le Liverpool qui ripostèrent si bien qu'à 16.07, le Bolzano encaissa trois obus de six pouces pendant que le destroyer Vittorio Alferi était endommagé par un coup à toucher.
Les mécaniciens du Giulo Cesare avaient réussit à réparer deux des quatre chaudières endommagés permettant au navire de filer à 22 noeuds (sa vitesse maximale était de 28 noeuds) mais l'amiral Campioni décida de se retirer, direction Messine.
Dans les deux camps, on tenta des attaques à la torpille mais sans succès et la bataille s'acheva à 16.55, chaque camp se retira en se proclamant victorieux alors que cet engagement se soldait par un match nul.
Après la bataille de Calabre, le Trento participa à la bataille du cap Spartivento/Teulada le 27 novembre 1940. C'est une conséquence directe de l'opération Judgment, le raid du 11 novembre sur Tarente qui bouleversa l'équilibre des forces en Méditerranée et fût une révélation pour les italiens qui comprirent qu'avec la révolution aéronavale, le concept de fleet in being n'était plus aussi séduisant que par le passé et qu'à risquer ses navires, il fallait mieux qu'ils soient menacés au combat.
Le 17 novembre dans la nuit, une force navale italienne composée des cuirassés Vittorio Veneto et Giulio Cesare, des croiseurs lourds Bolzano Fiume Gorizia Pola, Trento et Trieste et de 14 destroyers étaient à la mer pour intercepter une force britannique chargée de livrer des avions (opétation White) composée notament des porte-avions Ark Royal et Argus et descroiseurs. La force britannique prévenue fit demi-tour après avoir lancé trop tôt ses avions et seul un Skua et quatre Hurricane purent se poser à Malte.
Cela poussa les britanniques à renforcer la préparation de leur futur opération, l'opération Collar qui était prévue à l'origine le rapatriement en métropole du cuirassé Ramillies et des croiseurs Berwick et Newcastle qui formèrent la force D en compagnie du croiseur Coventry et de cinq destroyers qui formait la force B qui devait à l'entrée du détroit de Sicile récupérer un convoi venant de Gibraltar.
Alertés des mouvements italiens, les britanniques manoeuvrèrent pour faire face aux italiens à 11.45 le 27 novembre. L'amiral Somerville déploya ses forces en deux groupes avec sous le commandement du contre-amiral Holland le croiseur lourd Berwick, les croiseurs légers Manchester Newcastle Sheffield et Southampton tandis qu'il commandait lui même le cuirassé Ramillies, le croiseur de bataille Renown, 11 destroyers, le porte-avions Ark Royal qui s'apprêta à lancer des Fairey Swordfish.
Les italiens étaient eux organisés en trois groupes. Le premier et le second se composait de six croiseurs lourds et sept destroyers tandis que le troisième se composait de deux cuirassés et de sept destroyers.
A 12.07, la bataille devint imminente et les trois forces italiennes fusionnèrent en une seule afin d'engager les forces britanniques. A 12.22, le Fiume ouvrit le feu à 23500m tout en se rapprochant à grande vitesse des britanniques mais sans pour autant réussir à toucher un navire. Le Ramilies ouvrit le feu à 12.26 mais il était trop lent pour maintenir la formation.
A 12.30, l'amiral Iachino commandant les forces italiennes reçut l'ordre de se désengager à 30 noeuds en émettant un écran de fumée. Au même moment, le destroyer Lanciere fût touché par le Manchester et gravement endommagé mais les italiens réussirent à le remorquer au port. Le croiseur lourd Berwick fût également touché à 12.22 par un obus de 8 pouces qui mit hors service la tourelle Y et tua sept marins. Un autre obus le toucha à 12.35 mais les dégâts furent des plus limités.
Le Renown réduisit ensuite la distance pour frapper les croiseurs italiens mais cet avantage fût annulé quand le Vittorio Veneto ouvrit le feu à 29000 yards à 13.00, tirant 19 obus de 381mm en sept salves qui furent suffisantes pour forcer les croiseurs britanniques à se placer hors de portée. La bataille était désormais terminée après 54 minutes sans grand dommage de part et d'autre.
Le Trento à la mer en 1940 ou 1941A la fin du mois de février 1941, les anglais décident d'assister les grecs qui luttent depuis octobre 1940 contre les italiens. C'est l'opération Lustre qui voit le transport de 58000 hommes en Grèce continentale.
Le 25 mars, les services de renseignement anglais avertissent Cunningham que les italiens préparent une offensive navale contre les convois reliant l'Egypte à la Grèce. La marine italienne va y déployer ses meilleurs unités sous le commandement de l'amiral Jachino : le cuirassé Vittorio Veneto, les croiseurs lourds Bolzano, Trieste, Tarente, Fiume, Pola et Zara; les croiseurs légers Luigi di Savoia, Duca degli Abruzzi et Giuseppe Garibaldi et 17 destroyers.
Face à cette démonstration de force, l'amiral Cunningham va déployer des forces non négligeables à savoir le porte-avions Formidable; les cuirassés Barham, Valiant et Warspite; les croiseurs légers Ajax Gloucester Orion Perth (australien) et 12 destroyers.
Cunningham commandant en propre le porte-avions, les trois cuirassés et 9 destroyers, le reste des navires étant placés sous le commandement de l'amiral Pridham-Wippell.
Le 27 mars, le vice-amiral Pridham-Wippell avec les croiseurs légers Ajax, Gloucester, Orion, Perth et 3 destroyers quittèrent les eaux grecques pour gagner une position au sud de la Crète tandis que le même jour, l'amiral Cunningham appareillait d'Alexandria pour retrouver les croiseurs légers.
Le 28 mars 1941 à 7.55, le groupe de l'amiral Sansonetti (croiseurs lourds Trento Bolzano Trieste et trois destroyers) repéra le groupe de l'amiral Pridhal-Wippell. Comprennant que les croiseurs anglais attendaient des renforts, les italiens attaquèrent, ouvrant le feu à 22000m à 8.12 mais sans grand d'effet.
Après une heure de combat, les italiens rompirent le contact tournèrent vers le nord-ouest pour retrouver le groupe organisé autour du Vittorio Veneto (et qui se composait également de 8 destroyers) suivis à distance (hors portée de tir) par les britanniques.
A 10.55, le Vittorio Veneto retrouva les croiseurs italiens et ouvrit immédiatement le feu à 23000m sur des cibles imprécises mais obligea les croiseurs alliés à rompre le combat non sans subir quelques dommages à cause des shrapnels des obus de 381mm alors ques italiens se lançaient à leur poursuite
Au même moment, les forces de Cunningham étaient sur le point de retrouver Pridham-Wippell et lança des Fairey Albacore depuis le Formidable. Les avions torpilleurs attaquèrent le Vittorio Veneto mais sans le toucher.
Ils obligèrent les navires italiens à manoeuvrer, perturbant ainsi leur poursuite qui fût stoppée à 12.20, l'amiral Jachino décida de se replier sur l'Italie pour se placer sous la couverture aérienne de la Regia Aeronautica qui avait de nombreuses unités stationnées dans la région de Tarente.
A 15.09, les italiens furent de nouveau attaqués par des Albacore sous le commandement du Lieutenant-Commander Dalyell-Stead qui lancèrent à 1000m, touchant une fois le Vittorio-Veneto à l'arrière, le navire italien embarquant 4000 tonnes d'eau.
Le cuirassé stoppa pour réparer mais pu repartir à 16.42 à la vitesse de 19 noeuds. Cunningham mis au courant de l'état du navire-amiral italien entama la poursuite et pour ce faire lança une troisième attaque avec six Albacore et trois Swordfish (squadrons 826 et 828) du Formidable et deux Swordfish du squadron 815 venant de Crète entre 19.36 et 19.50.
Une torpille toucha le croiseur lourd Pola l'obligeant à stopper. Ignorant que les britanniques fonçaient dans leur direction, les croiseurs lourd Zara et Fiume ainsi que des destroyers stoppèrent pour porter assistance au navire entormé. Une heure plus tard, alors que le Pola allait être pris en remorque, les navires italiens furent informés de la présence à proximité des britanniques.
Peu après 22.00, les britanniques repérèrent les italiens au radar et furent capables de se rapprocher sans être repérés par les italiens qui étaient totalement incapable de faire face à l'ennemi. Les cuirassés Barham, Valiant et Warspite se rapprochèrent ainsi à 3500m et ouvrirent le feu sous les éclats des projecteurs.
Ce fût un veritable massacre : des artilleurs britanniques racontèrent que des tourelles de croiseurs italiens sautèrent à plusieurs mètres dans les airs. Après seulement trois minutes, le Fiume et le Zara avaient déjà rejoint Neptune. Deux destroyers _les Vittorio Alfieri et Giosué Carducci_ furent coulés, deux autres (Gioberti et Oriani) parvenant à s'echapper, laissant l'épave du Pola brûler, épave qui fût achevé par les destroyers Jervis et Nubian.
Cette bataille fût l'une des plus grandes victoires de la marine britannique mais cette dernière n'en profita guère puisque le 6 avril 1941, les allemands attaquèrent la Yougoslavie et la Grèce, écrasant les forces grecques en treize jours, conquérant la supériorité aérienne dans la région avant de conquérir la Crète (opération Merkur 20 mai-1er juin).
La fin d'un croiseur : le Trento et l'opération Vigorous Le Trento à TarenteDepuis le début de la seconde guerre mondiale, une petite île concentre l'attention de tous les belligérants. Il s'agit de l'île de Malte, une colonie britannique et véritable épine dans le pied des italiens et des allemands qui ne peuvent faire passer tranquillement le ravitaillement destiné à leurs forces combattant en Afrique du Nord puisque les anglais ont transformé cette île en forteresse d'où partent essentiellement des attaques aériennes et sous marines, peu de navires de surface y étant maintenus puisque l'île était sous la menace continuel des raids aériens italiens et allemands.
Qui dit forteresse dit ravitaillement. Pour se faire, les anglais ont multiplié depuis le début de la guerre l'envoi de convois fortement escortés pour livrer avions, vivres, carburant et munitions. Chaque convoi est l'occasion d'un véritable jeu du chat et de la souris entre la Royal Navy, la Regia Marina, la Luftwafe et les U-Boot.
En juin 1942, un convoi parti d'Egypte et de Palestine, le convoi MW11 devait ravitailler l'île parallèlement à un autre convoi parti de Gibraltar, le premier étant l'axe majeur de l'opération Vigorous alors que le second était l'axe majeur de l'opération Harpoon.
Comme à chaque fois, la marine italienne tenta d'intercepter le convoi. Une bataille dantesque s'engagea entre les convois, les sous marins et les avions de l'Axe mais la flotte de surface italienne eut bien du mal à retrouver le convoi. Le 15 juin 1942, les britannique abandonnèrent l'opération Vigorous (l'opération Harpoon avait elle réussit) et la flotte italienne se replia sur Tarente.
C'est au cours de la poursuite contre la flotte britannique qu'un avion torpilleur Bristol Beaufort du squadron 217 de la RAF basé à Malte attaqua le Trento qui encaissa une torpille qui l'immobilisa à 5.15 du matin. Quasiment quatre heures plus tard, le sous marin britannique HMS Umbra (P35) qui quelques heures auparavant avait manqué le Littorio tira plusieurs torpilles sur le croiseur immobilisa à 9.10 du matin. Ayant visiblement touché une soute à munitions, le navire coula en à peine cinq minutes à un endroit en mer Ionienne où la Méditerranée est particulièrement profonde) à la limite sud d'un triangle Malte-Sicile-Zanthe.