HISTORIQUE L'Iron Duke PrésentationLe Iron Duke à la mer-Le Iron Duke est mis sur cale à l'Arsenal Royal de Portsmouth le 12 janvier 1912 lancé le 12 octobre 1912 et admis au service actif en mars 1914.
Iron Duke dans la langue de Molière se traduit par duc de fer. Il fait référence à Arthur Wellesley, premier duc de Wellington (1769-1852). Général et homme politique anglais, il fût rendu célèbre par sa victoire sur Napoléon à Waterloo (18 juin 1815) qui fit de lui l'équivalent d'un Nelson.
Arthur Wellesley, First Duke of Wellington Auparavant, il avait combattu comme volontaire en Inde avant de devenir député aux Communes en 1806 puis Secrétaire d'Etat à l'Irlande. Envoyé au Portugal, il en chassa les français avant de faire de même en Espagne. Il défait l'armée du maréchal Soult en avril 1814 près de Toulouse. Element modérateur, il favorisa le retour des Bourbons aussi bien en 1814 qu'en 1815.
Anobli après ses victoires au Portugal (marquis du Douro et duc de Wellington), il reprit sa carrière politique, devenant chef du parti conservateur. Nommé premier ministre de 1828 à 1830 par George IV, sa politique réactionnaire lui vallu le surnom de Iron Duke. Il fût égalemnt premier ministre quelques mois en 1834. Il se retira de la carrière politique en 1846.
Le Iron Duke de 1912 est le second navire à porter ce nom au sein de la Royal Navy. Le premier fût un cuirassé de classe Audacious admis au service actif le 1er avril 1871. Il s'agissait d'un navire de 5473 tonnes, mesurant 104.32m de long 16m de large et 7.09m de tirant d'eau, une vitesse de 13 noeuds et un armement de 10 canons de 229mm, de 4 canons de 152mm et 6 canons de 20 livres. Il à été placé en réserve en mai 1890 puis désarmé le 2 mai 1893 avant d'être vendu à la démolition en 1906.
La frégate HMS Iron Duke Depuis un autre navire à repris ce nom, une frégate type 23, la F-234 admise au service actif le 20 mai 1993, étant le cinquième navire de sa classe après Norfolk, Argyll, Lancaster et Marlborough. Elle est toujours en service en 2010.
Carrière opérationnellePlus puissant cuirassé de la Royal Navy au moment de son admission au service actif, le Iron Duke fût logiquement choisit pour devenir le navire amiral de la Home Fleet sous le commandement de l'amiral John Callaghan puis navire amiral de la Grand Fleet en 1914 (regroupement de la flotte de l'Atlantique et de la Home Fleet) sous la direction de l'amiral John Jellicoe qui regroupait près de 40 cuirassés à Scapa Flow dans les Orcades.
Le HMS Iron Duke dans les années vingtDepuis le début du conflit, les marines britanniques et allemandes multiplient les occasions manquées. La Royal Navy surtout rêve de la bataille décisive lui permettant d'écraser la Kaiserliche Marine qui eut l'outrecuidanse de se croire capable de lui disputer la suprématie navale.
Le 31 mai 1916, cet affrontement eu enfin lieu à 200km au nord ouest de la péninsule danoise du Jutland.
Ce jour là la Grand Fleet engagea des moyens considérables avec d'abord de la flotte de combat de l'amiral Jellicoe embarqué à bord de l'Iron Duke. Cette flotte de combat se composait de la 2ème escadre de ligne (1ère division : King George V Ajax Centurion et Erin 2ème division : Orion Monarch Conqueror et Thunderer 5ème division : Colossus Collingwood, Neptune, Saint Vincent et 6ème division : Marlborough Revenge Hercules et Agincourt) la 4ème escadre de ligne (3ème division : Royal Oak, Superb et Canada 4ème division : Benbow Bellerophon Temeraire et Vanguard) la 3ème escadre de croiseurs de bataille (Invincible Inflexible et Indomitable), la 1ère escadre de croiseurs cuirassés (Defence Warrior Duke of Edimburgh Black Prince) la 2ème escadre de croiseurs cuirassés (Minotaur Hampshire Cochrane et Shannon), la 4ème escadre de croiseurs légers (Calliope, Caroline Constance Royalist Comus Blanche Bodicea Bellona Canterbury et Chester) ainsi que trois flottilles de destroyers (4ème, 11ème et 12ème flottille) soit un total de 50 destroyers.
Aux forces de l'amiral Jellicoe s'ajoutèrent celles de l'amiral Beatty (embarqué à bord du croiseur de bataille Lion) qui commandait la force des croiseurs de bataille composée de la 1ère escadre (Princess Royal Queen Mary et Tiger) la 2ème escadre (New Zealand Indefatigable) la 5ème escadre de cuirassés rapides (Barham Valiant Warspite et Malaya), la 1ère escadre de croiseurs légers (Galatea, Phaeton, Inconstant et Cordelia) la 2ème escadre de croiseurs légers (Southampton, Birmingham, Nottingham et Dublin) et la 3ème escadre de croiseurs légers (Falmouth, Yarmouth, Birkenhead et Gloucester). Il commandait également le porte-hydravions Engadine et trois flottilles de destroyers (1ère, 9ème et 10ème à part égale et la 13ème flottille) soit un total de 27 destroyers.
L'amiral Scheer de son côté avait déployé une partie non négligeable de ses forces avec sous son commandement direct la 1ère escadre (1ère division : Ostfriesland, Thüringen, Helgoland, Oldenburg, Ostfriesland 2ème division : Posen, Rheinland, Nassau et Westfalen), la 3ème escadre (5ème division : König, Grosser Kürfurst, Markgraf et Konprinz Wilhelm 6ème division : Friedrich der Gross _où était embarqué l'amiral Scheer_ Kaiser Kaiserin et Prinzregent Luitpold; 4ème groupe de croiseurs légers d'éclairage : Stettin München Frauenlob Stuttgart Hamburg) et la 2ème escadre composé de vieux pre-dreadnought (3ème division Deutschland, Hessen, Pommern et 4ème division Hannover Schlesien et Schleswing Holstein), le tout accompagné de 25 torpilleurs.
Il existait également une force d'éclairage sous le commandement du vice-amiral Hipper composé du 1er groupe d'éclairage de croiseurs de bataille (Lützow _sur lequel était embarqué Hipper_ Derflinger, Seydlitz, Molke Von der Tann) et le 2ème groupe d'éclairage de croiseurs légers (Frankfurt, Pillau Elbing et Wiesbaden), le tout accompagné de 30 torpilleurs.
Les Allemands conscients de leur infériorité décidèrent de tendre un piège à la flotte britannique en organisant une opération de bombardement de la région de Sunderland destiné à faire sortir la Grand Fleet de ses bases avant de la ramollir par des attaques de U-Boot puis de l'attirer vers les cuirassés de Scheer. Ce plan parfait sur le papier fût biaisée dès le départ puisque depuis le début de la guerre les britanniques interceptaient les messages et les décryptaient. Ils purent ainsi appareiller le 30 mai 1916.
A 14h00, le 31 mai, la flotte britannique arrive sur zone mais la mer est vide. Les deux flottes ne se voient pas et ne vont prendre contact que par un événement bien fourtuit. Un vieux cargo danois lent et rouillé, le NJ Fjord passe entre les deux flottes qui envoient chacune un navire pour le reconnaître, un échange de coups de feu marquant le début de la plus grande bataille navale de tous les temps.
Les croiseurs légers anglais engagent l'ennemi et tentent de les attirer vers le nord-est les forces de l'amiral Hipper en direction des forces de l'amiral Jellicoe et de permettre aux croiseurs de bataille de l'amiral Beatty de les prendre à revers par le sud.
A 15h48, cap au sud, les deux flottes de croiseurs de bataille sont à dix milles l'une de l'autre sur des routes convergentes. Les allemands sont avantagés par la visibilité et le Lützow est le premier à tirer sur le Lion de l'amiral Beatty.
Au bout de trois minutes, les allemands qui disposent d'un meilleur système de conduite de tir ont déjà placé huit coups au but sur le Lion, le Tiger et le Princess Royal. Ce n'est qu'à 15h55 que les anglais marquent un point en touchant le Seydlitz qui doit noyer ses soutes perdant ¾ de sa puissance de feu.
La distance entre les croiseurs de bataille est tombée de 14000 à 11800m. Les anglais s'embrouillant dans les ordres laisse le Derrflinger manoeuvrer comme à la parade et place trois obus dans le Lion dont l'une d'elle fait sauter la tourelle Q. Le navire aurait explosé sans le sacrifice du major Harvey, le commandant de la tourelle qui se sachant condamné fait fermer la porte étanche derrière lui et fait noyer les soutes.
A 16h05, le Von der Tann place trois obus dans le Indefatigable, crévant les ponts et éclatant dans les soutes. Le croiseur de bataille explosa ne laissant que trois survivants sur 1017 membres d'équipage. Le Von der Tann encaisse un obus de 380mm mais son meilleur blindage que sa victime le sauve.
Le Derrflinger et le Seydlitz matraquent ensuite le Queen Mary qui encaissa une demi-douzaine d'obus explosant et ne laissant que huit survivants sur 1274 hommes. A la vue de l'explosion, l'amiral Beatty eut cette réflexion typique de l'humour anglais «Il semble que quelque chose n'aille pas avec nos sacrés bon dieu de bateaux aujourd'hui».
L'amiral Hipper sait que l'amiral Scheer arrive et pour gagner du temps ordonne à ses torpilleurs d'attaquer les croiseurs anglais obligzant Beatty à faire de même, une furieuse mêlée se déroulant entre les deux colonnes.
Beatty sait qu'il ne peut faire face à la totalité de la Hochseeflot et décide de se replier pendant que l'amiral Scheer ordonne la chasse générale. Pourtant Jellicoe n'est pas loin, ses vingt quatre dreadnoughts regroupés en six colonnes précédés par les croiseurs légers, l'amiral allemand ignorant que la fuite de Beatty est une ruse.
Malheureusement, les Queen Elizabeth eurent du mal à suivre les instructions de Beatty permettant aux allemands de les viser un à un correctement et le Warspite encaissa 15 coups au but qui l'endommagèrent gravement l'obligeant à se replier non sans difficultés puisque le navire pendant plusieurs minutes tournant en rond suite à une avarie de barre. Les communications et la conduite étaient hors service et seule la tourelle A pouvait tirer ce qui l'obligeant à quitter le combat. Lors de son retour à Rosyth, il échappa à deux attaques de sous marins.
A 17h30, les navires de Jellicoe entrent en contact avec la Hochseeflot et oblige vers l'est puis le sud-est. Ils se retrouvent alignés sur sept miles, la colonne plongeant vers la côte du Jutland, prêt à matraquer les deux colonnes de Scheer. L'Invincible, premier croiseur de bataille de l'histoire est touché encore par le Derrflinger qui place un obus qui explose dans la soute de la tourelle Q ne laissant que cinq rescapés.
Le HMS Iron Duke à Malte en 1929Les cuirassés anglais de Jellicoe ouvrent le feu à 18h16 barrant le T de l'amiral Scheer qui sent que sa flotte va être anihiliée mais le brouillard le sauve. Le commandant de la Hochseeflot ordonne la retraite, les croiseurs et les torpilleurs les couvrant avec des écrans de fumée. Durant ce duel, le Iron Duke matraqua le SMS König, tirant 9 salves à 11000m plaçant sept obus de 343mm mais l'excellente protection «made in Germany» fit qu'un seul obus ne perça la cuirasse. Un autre obus perça le navire au niveau de la tourelle X provoquant suffisament de dommages pour que le navire allemand perde une partie significative de ses capacités de combat.
A 18h45, les cuirassés britanniques cessent le feu, lassés de tirer à l'aveugle. Jellicoe ne voit rien et à 18h50, il ordonne une route plus au sud, espérant couper la retraite de Scheer mais ce dernier décide de foncer dans la Grand Fleet, victime selon certains du «syndrome de Nelson» mais Jellicoe réussit à lui barrer le T et à 19h15, Scheer ordonne une nouvelle retraite, couvert par les croiseurs de bataille formant une escadre de sacrifice.
Les Derrflinger et le Von der Tann sont touchés mais les croiseurs de bataille sont couverts par les torpilleurs allemands qui lancent 28 torpilles mais sont massacrés (six hors de combat et un coulé) mais le temps que Jellicoe évite les torpilles est un gain précieux pour la Hochseeflot. Quand les torpilles ont été évitées, il est 19h45 et il ne reste qu'une demi-heure de jour alors que plus de 4 miles (8km) séparent les deux flottes. La bataille du Jutland est terminée.
Le Von Der Tann à été sévèrement endommagé au cours de la bataille, son armement principal hors service ce qui ne l'empêcha pas de rester dans la ligne de bataille pour attirer le feu des artilleurs britanniques. L'équipage travailla ardement et en début de soirée, les tourelles C et D étaient de nouveau opérationnelles.
A 22.15, l'amiral Hipper qui avait transféré son pavillon sur le Moltke ordonna à ses croiseurs de bataille d'accélerer à 20 noeuds et de se placer derrière la ligne de bataille allemande. Cependant le Derfflinger et le Von Der Tann ne pouvait pas filer à plus de 18 noeuds. A 00.05, ils furent rejoints par les pré-dreadnoughts Schlesien et Schleswig Holstein.
A 3.37, le destroyer britannique HMS Moresby lança ses torpilles qui passèrent juste devant la proue du Von Der Tann qui dut manoeuvrer à tribord pour éviter un coup au but. Au final, le Von Der Tann terminait la bataille avec 11 morts et 35 blessés, ses canoniers ayant tiré 170 obus de 280mm et 98 de 150mm.
Si les deux camps revendiquent la victoire. On peut considérer que les allemands ont remporté une victoire tactique en infligeant des pertes plus sérieuses aux anglais (les anglais perdant 6094 hommes, 3 croiseurs de bataille, 3 croiseurs cuirassés et 8 destroyers alors que les allemands ont eut 2551 tués, un cuirassé moderne, un pré-dreadnought, quatre croiseurs légers et cinq torpilleurs) mais qu'au point de vue stratégique, les anglais l'emportent montrant aux allemands leur supériorité numérique et dissuadant la Hochseeflot de chercher un engagement et la confinant jusqu'à l'Armistice dans ses ports.
Cette bataille provoqua une grande polémique sur les capacités de la Royal Navy, les anglais néligeant la protection de leurs navires et la sécurité du chargement des munitions alourdirent ainsi leur perte au nom de l'augmentation de la cadence de tir. Jusqu'à la fin de sa vie, l'amiral Jellicoe se demanda ce qui se serait passé si il avait ordonné de faire face aux torpilles au lieu de présenter la poupe, il aurait pu être eut le temps de rattraper la Hochseeflot et de lui infliger des dégâts bien plus importants. Pendant plusieurs années, une controverse fit rage entre les partisans de Jellicoe et ceux de Beatty.
La bataille du Jutland fût le dernier grand affrontement de la guerre entre les deux marines. La Grand Fleet espéra toujours avec le renfort d'une division de cuirassés américains que la Hochseeflot sorte enfin de ses bases pour une bataille réellement décisive mais cet événement n'eut jamais lieu.
Le HMS Iron Duke en 1929-1930 au crépuscule de sa vie opérationnelleQuand l'amiral Beatty remplaça Jellicoe à la tête de la Grand Fleet, l'Iron Duke céda son rôle de navire-amiral au Queen Elizabeth en novembre 1916. En 1919, le Iron Duke fût affecté à la flotte de la Méditerranée et participa à la guerre civile russe en soutenant les russes Blancs jusqu'en 1920.
En 1920, il fût affecté à la flotte de l'Atlantique qui avait succédé à la Grand Fleet et qui allait reprendre le titre glorieux de Home Fleet en 1932. Dès 1929 cependant, le Iron Duke cessa d'être un cuirassé opérationnel pour respecter les termes du traité de Washington et permettre à la Royal Navy de mettre en service les cuirassés Nelson et Rodney.
Deux photos du navire-école de cannonage HMS Iron DukeL'Iron Duke perdit ainsi deux tourelles doubles de 343mm (les tourelles «B» et «X»),ses tubes lance-torpilles, sa ceinture blindée, une partie de son appareil propulsif, recevant cependant quatre canons de 102mm antiaériens. Il fût ainsi relegué au statut de navire-école de cannonage puis en 1936 de bâtiment-école à flot toujours à Portsmouth.
Aspect du Iron Duke en 1935Au moment où allait éclater le second conflit mondial, l'Iron Duke gagna Scapa Flow pour servir de batterie flottante et de bâtiment-dépôt, l'ancien cuirassé arrivant à destination le 26 août 1939. Dans la principale britannique, le Iron Duke servant de ponton pour le personnel en transit.
Le 16 octobre 1939, des Junkers Ju 88 de la Luftwafe attaquèrent Scapa Flow espérant faire aussi bien que le U-47 de Gunther Prien, rivalités interarmées obligent. Quand les bombardiers allemans arrivèrent au dessus de l'objectif, la rade était vide, la Royal Navy ayant dispersé ses forces après la destruction du Royal Oak.
Plusieurs bombes explosent dans l'eau fragilisant la coque, provoquant une voie d'eau qui entraina l'inondation d'une salle des machines et de deux soutes à munitions. Souffrant d'une importante gite, l'ancien cuirassé aurait sombré si il n'avait pas été échoué sur la plage d'Ore Bay.
L'Iron Duke resta tout le mois de novembre à Scapa Flow avec un équipage réduit. Le 14 décembre 1939 il gagna Longhope une île de l'archipel des Orcades. Cependant le 26 janvier 1940, il regagna sa position originale à Ore Bay.
Il resta toute la guerre à cet emplacement, servant de bâtiment caserne et de navire-dépôt. Le 6 août 1945, il fût désarmé et préparé pour être transféré vers la Clyde pour être démoli. Le navire fût rayé des registres le 2 mars 1946, dernière étape avant son démantélement. Il fût remorqué dans l'estuaire de la Clyde en août 1946 et démantelé à Fastlane à partir du 30 novembre 1947.
1948 Fastlane : les chalumeaux furent plus forts que les obus de la Kaiserliche Marine, les torpilles de la Kriegsmarine et les bombes de la Luftwaffe