Historique PrésentationLe Taiho au mouillage-Le Taiho (grand phoenix) est mis sur cale aux chantiers Kawasaki de Kobe le 10 juillet 1941 lancé le 7 avril 1943 et admis au service actif le 7 mars 1944.
Une fois admis au service actif, le Taiho effectua sa mise en condition opérationnelle en Mer intérieure avant de gagner Singapour où il arriva le 5 avril 1944. Affecté à la 1ère division de porte-avions en compagnie des Shokaku et Zuikaku, le Taiho gagna la base de Lingga au nord de Sumatra mais le manque de carburant perturba l'entrainement des pilotes sans parler de la menace des sous marins américains qui rendait perilleuse toute sortie d'entrainement.
Le 15 avril, le vice-amiral Jisaburo Ozawa fit du Taiho son navire amiral et peu de temps après, la 1ère force mobile quitta Sumatra pour Bornéo et plus précisément la base de Tawi Tawi pour préparer la bataille décisive suivant l'opération A-Go
Une carrière opérationnelle de trois mois (mars-juin 1944)La modernité du Taiho aurait été totale si à la différence des autres porte-avions japonais il avait été équipé de catapultes comme cela fût un temps prévuDepuis avril 1943 et les premiers débarquement de MacArthur en Nouvelle Guinée les américains reconquièrent le Pacifique île après île, archipel après archipel avec chaque fois des batailles plus dures, le saut de puce devient de plus en plus sanglant.
En ce mois de juin 1944 la cible des américains est un groupe d'îles, l'archipel des Mariannes en plein Pacifique entre les Philippines et les Marshall, un positionement stratégique puisque des B29 basés ici pourraient atteindre le Japon.
Les deux camps sont donc conscients de l'importance de ces îles, cela ne pouvait donc déboucher que sur un affrontement : la bataille de la mer des Philippines dont son volet le plus important est connu sous le nom de «Mariannas Turkey's Shot» (le tir au pigeon des Mariannes).
L'opération amphibie américaine répond au nom de code «Forager» et prévoit le débarquement du Vème corps amphibie du général Smith, transporté et appuyé par des moyens navals considérables :
-551 navires de transport pour la 2ème et 4ème division de Marines (TG 52.3 pour la premère et TG 52.4 pour la seconde)
-Deux Task Group d'appui, le TG 52.10 avec les cuirassés Pennsylvania New Mexico et Idaho, les croiseurs lourds Minneapolis et San Francisco, les croiseurs légers Honolulu et Saint Louis et 9 destroyers et le TG 52.17 avec les cuirassés Tennessee, Maryland Colorado, les croiseurs lourds Indianapolis Louisville,Wichita,Mineapolis,San Francisco et New Orleans, les croiseurs légers Birmingham Montpelier et Cleveland et 25 destroyers
-Deux Task Group de couverture, le TG 52.11 composé des porte-avions d'escorte Kitkun Bay, Gambier Bay, Corregidor et Coral Sea et de 6 destroyers et le TG 52.14 qui lui dispose des porte-avions d'escorte Fanshaw Bay Midway, White Plains et Kalinin Bay et de 6 destroyers,
La TF58 qui assure l'appui et la couverture lointaine aligne à cette occasion sous le commandement de l'amiral Mitscher cinq Task Group :
-TG 58.1 : porte-avions Hornet, Yorktown, Belleau Wood et Bataan; croiseurs lourds Boston Baltimore et Canberra, croiseur léger Oakland et San Juan et 14 destroyers
-TG 58.2 : porte-avions Bunker Hill, Wasp, Franklin, Monterey et Cabot; croiseurs légers Mobile Santa Fe Biloxi et San Juan et 16 destroyers
-TG 58.3 : porte-avions Lexington, Enterprise, San Jacinto et Princeton; croiseur lourd Indianapolis croiseurs légers Montpelier Cleveland Birmingham; croiseur léger antiaérien Reno; 14 destroyers
-TG 58.4 : porte-avions Essex, Langley, Cowpens et Belleau Wood; croiseurs légers Vincennes Houston et Miami; croiseur léger antiaérien San Diego et 24 destroyers)
-TG 58.7 avec les cuirassés Washington et North Carolina (BatDiv 6) Iowa et New Jersey (BatDiv 7) Indiana (BatDiv
Alabama et South Dakota (BatDiv 9); les croiseurs lourds Wichita, Minneapolis, New Orleans et San Francisco plus 13 destroyers).
La Fast Carrier Task Force lancent ses premiers raids aériens le 11 juin, les quatre groupes de porte-avions lançant 208 Hellcat et 8 Avenger sur Saipan et Guam dans le but d'y balayer l'aviation japonaise. Les 12 et 13 juin, le TG 58.1 se concentre sur Guam et les trois autres s'attaquent à Saïpan et Tinian. Après un bombardement mené par les cuirassés de la TF52, les deux divisions de Marines débarquent le 15 juin suivi par la 27ème DI le lendemain. Saïpan est prise le 9 juillet.
A l'annonce des premiers bombardements américains, l'opération A-GO est déclenchée le 11 juin et la 1ère Force Mobile appareille de Tawi Tawi le 13 juin 1944 pour les Philippines puis pour Saipan afin de localiser et de détruire les grands porte-avions américains.
Représentation d'artiste du Taiho avec des Yokosuka D4Y Judy et des B6N Jill ou B5N KateLe 19 juin 1944 à 7.45, le Taiho se met face au vent pour lancer ses avions à savoir 16 A6M Zero, 17 D4Y Judy et 9 B6N Jill qui constitue une partie de la deuxième vague d'Ozawa.
Alors que les avions du Taiho se regroupaient, le sous marin américain Albacore (SS-218) repéra cette magnifique cible et lança à 8.10 une gerbe de six torpilles. Un des pilotes du Taiho, le premier maitre Sakio Komatsu jeta son appareil dans le sillage des torpilles et réussit à faire détonner une. Quatre des cinq torpilles survivantes ratèrent leur cible et une seule atteignit sa cible mais cette seule torpille scella le sort du plus moderne des porte-avions japonais.
Cette dernière explosa à tribord au niveau de l'ilot, brisant les citernes de carburant aviation et bloquant l'ascenseur avant. La brèche provoqua une entrée massive d'eau de mer ce qui obligea le capitaine à réduire sa vitesse. Aucun incendie ne s'étant déclarée, le Taiho continua ses opérations aériennes avec un ascenseur en moins.
Pourtant sournoisement, les vapeurs d'essence s'accumelèrent dans tout le navire, le mettant à la merci de la moindre étincelle. Faute d'expérience ou par malchance, les japonais tentèrent d'évacuer l'eau de mer à l'aide de pompes.
Le système de ventilation étant incapable d'évacuer les vapeurs d'essence, ce qui devait arriver arriva : une étincelle enflamma les vapeurs d'essence provoqua une gigantesque explosion à 15.20 (14.30 selon d'autres sources).
Selon un membre de l'état major d'Ozawa, elle fût si forte que le pont se souleva, laissant une plaie béante.
Le porte-avions rompit la formation et commença à s'enfoncer dans l'eau. L'amiral Ozawa aurait voulu sombrer avec le navire mais son état major réussit à le convaincre d'évacuer et de gagner le croiseur lourd Haguro à l'aide d'un destroyer.
Peu après le départ de l'amiral, le Taiho fût victime d'une nouvelle explosion et coula par la poupe sur les coups de 16.28 entrainant avec lui 1650 officiers et marins sur un total de 2150 hommes.
Le bilan de cette journée du 19 juin est resté dans l'histoire comme le «Mariannas Turkey Shot», les américains perdent 27 aviateurs, 31 marins, 108 blessés et 30 avions et les japonais 243 avions embarqués et une cinquantaine d'avions basés à terre. A cela s'ajoute les torpillages du Taiho et du Shokaku.
Le 20 juin 1944, le TG 58.4 limité en carburant reste en couverture de Guam et de Rota alors que le reste de la TF sous le commandement de l'amiral Mitscher poursuit les reste de la flotte japonaise vers l'ouest mais est handicapée par le vent qui l'oblige à mettre le cap à l'est pour chaque mouvement d'aviation.
Des recherches sont lancées et l'escadre japonaise n'est trouvée qu'à 15h40, par un Avenger de l'Enterprise à presque 600 km.
Malgré la distance et l'heure tardive, onze porte-avions lancent 96 Hellcat, 54 Avenger,51 Helldiver et 26 Dauntless. Tous les appareils, même les Hellcat portent des bombes sauf vingt Avenger armés de torpilles.
L'opération à la limite du rayon d'action des avions est devenue pour l'histoire «The Mission Beyond Darkness» _La mission au delà du crépuscule_, l'attaque prévue à 240 miles, l'attaque de fait en réalité à 300 miles nautiques.
L'attaque commence au crépuscule et pour la contrer les japonais ont fait décoller 68 chasseurs depuis les porte-avions Junyo, Hiyo, Ryuho,Zuikaku, Chitose, Zuiho et Chiyoda. Les Avenger du Yorktown et du Belleau Wood armés de torpilles attaquent les porte-avions Zuikaku et Hiyo, ce dernier étant coulé. Le Zuikaku est touché par des bombes, le Chiyoda, le Haruna et le Maya encaisse chacun une bombe et deuxx pétroliers sont perdus et 65 avions japonais sont abattus.
Le retour des avions américains, de nuit, à bout de carburant, certains endommagés, est resté légendaire. 20 avions ont été perdus au cours de l'attaque et 80 pendant le retour, amerris, faute d'essence ou accidentés à l'appontage.
En depit des risques, l'amiral Mitscher donne l'ordre d'allumer les feux de sa flotte pour aider les aviatiques. Les porte-avions se signalent par un projecteur braqué verticalement, les appareils se posent sur le premier pont disponible avec parfois deux appontages simultanés : un Hellcat sur le brin 2 et un bombardier sur le brin 5.
Le tir aux pigeons des Mariannes et la destruction du Taiho marquent la fin de l'aéronavale japonaise comme force constituée, la bataille de Leyte n'étant qu'un râle dans une agonie interminable.
Maquette du Taiho