Historique Le Junyo Présentation Le Junyo photographié à Sasebo peu après la capitulation japonaise-Le Junyo est mis sur cale aux chantiers navals Mitsubishi de Nagasaki le 20 mars 1939 sous le nom de Kashiwara Maru. Réquisitionné le 10 février 1941, il fût lancé le 26 juin 1941 et admis au service actif le 3 mai 1942.
Cette conversion ne fût pas une réussite. Ces navires étaient aussi gros que les Shokaku avec un solide groupe aérien (53 aéronefs) mais ils n'avaient aucun blindage et une faible vitesse (25.5 noeuds) qu'ils les rendaient incapables de suivre le reste de l'escadre qui pouvait filer plus de 30 noeuds.
Carrière opérationnelleA peine un mois après sa mise en service, le Junyo fût appelé à participer à l'opération MI, une opération destinée à provoquer la fameuse bataille décisive que les japonais appelent de leurs voeux depuis le début de la guerre.
Pour rappel au moment où la bataille va s'engager, le Japon est en pleine euphorie. Les objectifs ont été atteint en l'espace de trois mois (décembre 1941-mars 1942) et un vertige prend les autorités militaires et civiles japonaises : que faire ? Où aller ?
Il y à les hypothèses continentales comme l'URSS et la Chine, les hypothèses occidentales (Ceylan, océan Indien ce qui poussera les britanniques à s'emparer de Madagascar à titre préventif) ou encore une poussée en direction de l'Australie. C'est cette hypothèse qui est choisit avec une opération visant les Salomons, la Nouvelle Guinée lié à une opération contre Midway, la grande base américaine du Pacifique.
Le raid américain sur Tokyo et cinq autres villes japonaises le 18 avril 1942 réveille les japonais qui prennent conscience de la vulnérabilité de leur territoire métropolitain ce qui renforce la position de Yamamoto, promoteur de l'opération MI qui comme souvent du côté japonais est d'une incroyable complexité.
La cible principal est l'atoll de Midway qui doit être bombardé par les avions embarqués de Nagumo avant que les forces de l'amiral Kondo ne débarquent pour priver les américains de cette précieuse base.
Et pour simplifier ce plan, les japonais tentent de distraire les américains en voulant débarquer dans les Aléoutiennes à plusieurs milliers de kilomètres de là.
Vers 2h00, le 3 juin 1942, les porte-avions Ryujo et Junyo (4ème division amiral Kakuta) sont prêts à lancer leurs avions contre Dutch Harbor.
Le temps est complètement bouché et le décollage est retardé. Ce n'est qu'à 2h43 que les avions sont lancés à savoir 12 Aichi D3A1 et 6 A6M2 (Junyo) et 6 A6M2 et 14 B5N1 (Ryujo) soit 38 avions mais le temps provoqua la dispersion du groupe d'avions japonais et si les pilotes du Ryujo bien entrainés peuvent supporter, ce n'est pas la même chose pour les pilotes du Junyo bien moins entrainés.
C'est ainsi que seuls deux Zero du Junyo poursuivent la route en compagnie des avions du Ryujo (moins un B5N1 qui s'est crashé à la mer). Alors qu'il sort du port, le ravitailleur d'hydravions Gillis repère au radar les avions japonais et donnant l'alerte en prévénant le port.
Le temps s'étant éclaircit, les avions japonais s'en donnent à coeur joie provoquant de sérieux dégâts sur le port et les environs sans que les américains ne réagissent, les P40 arrivant alors que les avions japonais sont déjà repartis.
Cinq destroyers américains sont bien repérés mais les avions envoyés pour les attaquer (18 Val du Junyo et des B5N du Ryujo) sont obligés de faire demi-tour.
Durant la nuit du 2 au 3 juin, une terrible tempête disperse la flotte japonaise l'obligeant à renoncer au débarquement sur Adak et Kakuta décide de lancer le 3 juin un nouveau raid contre Dutch Harbor.
C'est ainsi qu'à 17h40, une vague de 10 A6M2, 11 D3A1 et 6 B5N soit 27 avions. Un Zero endommagé se pose en catastrophe sur l'île d'Akutan et en théorie ses deux alliers doivent détruire l'appareil mais pensant le pilote encore en vie ils s'abstiennent (le pilote est en fait décédé sur le coup les vertébres brisées). Les américains récupéreront l'avion, le remettront en état de vol et pourront ainsi trouver un moyen de le neutraliser.
Le raid terminé, les avions japonais sont surpris par neuf P40 qui abattent deux Val et endommagent deux Zero en l'échange (selon les japonais) de cinq P40. Vers 10h00, les avions de reconnaissance américains repère la flotte et donnent l'alerte. Six B-26 Marauder armés de torpilles décollent mais un seul appareil parvient à attaquer mais sans succès.
L'attaque de Dutch Harbor est terminée et avec elle la pseudo-diversion qui n'en est pas une. Entre-temps, l'amiral Kakuta à reçu de très mauvaises nouvelles de Yamamoto au sujet du revers subi à Midway et il ordonne aux deux porte-avions de descendre le rejoindre pour reprendre les combats....avant de se retracter et d'ordonner le retour au Japon.
Le Junyo mouillé en 1945 avec à couple un sous marin type Ha 210 et Ha 201Le Junyo est de retour à Ominato le 24 juin 1942 avant de regagner la mer intérieure où ils restèrent tout l'été et le début de l'automne. Ce n'est que le 9 octobre que le Junyo reprend le combat en arrivant à Truk pour participer aux opérations dans les Salomons et plus particulièrement près de Guadalcanal. Il participa à la bataille de Santa Cruz du 23 au 25 octobre mais ne subit aucun dommage.
Le 6 novembre 1942, il appareilla de Truk en compagnie des croiseurs de bataille Kongo et Haruna et du croiseur lourd Tone pour couvrir un convoi de renforcement des troupes japonaises à Guadalcanal, en ressortant indemne puisqu'il était de retour à Truk le 9 novembre. Il resta dans la région jusqu'à son départ pour Kure où il arriva le 11 décembre pour une truc courte escale.
En effet le 16 décembre 1942, il appareilla de Truk en compagnie du croiseur léger Agano et trois destroyers pour couvrir un convoi de ravitaillement à destination de Wewak (Nouvelle-Guinée) avant de regagner Truk le 20 décembre 1942.
Il assura des missions de couverture de convoi jusqu'à la fin de l'année 1942 et durant le mois de janvier 1943. Le 31 janvier 1943, il appareilla de Truk pour participer à l'opération KE, l'évacuation de la garnison japonaise de Guadalcanal, opération qui s'acheva par son retour à Truk le 2 février 1943.
Vue du pont d'envol depuis l'ilôtLe 16 février 1943, le Junyo appareilla de Truk pour regagner la mer Intérieure, arrivant à Kure le 22 février 1943. Il resta un mois au Japon avant d'appareiller du Japon le 22 mars 1943 et d'arriver à le 27 mars 1943. Le porte-avions ne participa pas à de grandes opérations, passant le plus clair de son temps à Truk à l'ancre.
Le 19 juillet, il appareilla de Truk pour Kure où il arriva le 25 juillet. Mis au bassin le lendemain, il y passa cinq jours jusqu'au 31 juillet avant de terminer son carénage à quai et de quitter l'Arsenal de Kure le 9 août puis de quitter le Japon le 15 août pour Singapour dans une mission de transport d'aviation, arrivant à l'ancienne base anglaise le 28 août 1943.
Le 4 septembre, le Junyo quitta «L'île aux lions» pour le Japon arrivant à Kure le 11 septembre où il resta jusqu'au 19 septembre quand il appareilla de Truk avec des troupes et des fournitures à destination des Carolines, arrivant à Truk le 24 septembre 1943.
Dès le 29 septembre, il quitta le «Pearl Harbor japonais» le 29 octobre 1943 pour Kure où il arriva le 5 octobre pour une semaine puisqu'il appareilla pour Truk le 12 octobre, arrivant à destination le 19 octobre 1943.
Le 31 octobre, il quitte Truk en compagnie du porte-avions d'escorte Unyo, des cuirassés Yamashiro et Ise et du croiseur lourd Tone pour Kure. Lors de ce transit, il est attaqué le 5 novembre par le sous marin américain USS Halibut qui place une torpille à tribord qui provoque la mort de quatre marins mais les dégâts matériels sont limités et le porte-avions peut regagner Kure avec comme seul handicap, une vitesse légèrement réduite.
Arrivé à destination le 19 novembre, il entre aussitôt au bassin pour un premier carénage du 19 au 25 novembre suivit d'un second du 21 décembre 1943 au 29 février 1944 (je ne connais pas les raisons de ce double carénage, peut être que les dégâts étaient plus importants que prévus et repérés à la sortie du premier carénage ? ).
Le 11 mai 1944, le porte-avions Junyo quitta le Japon en compagnie de son sister-ship Hiyo, des porte-avions Zuiho, Chitose et Chiyoda ainsi que du supercuirassé Musashi pour Tawi Tawi (une île au sud des Philippines à proximité de la Malaisie), arrivant à destination le 16 mai 1944.
Il est affecté à la flotte mobile de l'amiral Ozawa pour participer à l'opération «A-GO», la réponse japonaise au débarquement américain dans les îles Mariannes. Cette riposte débouche sur la bataille de la mer des Philippines (19-20 juin 1944) avec le célébrissime «Mariannas Turkey's Shot» au cours duquel 400 avions japonais furent abattus par les américains, marquant la fin de l'aéronavale japonaise comme entitée constituée.
Les américains ripostent le lendemain avec la mission au délà du crépuscule (Mission beyond the Darkness) à plus de 350 miles de leurs porte-avions. Le Junyo s'en tire mieux que son sister-ship puisqu'il encaisse vers 17.30 deux bombes à proxmité de l'îlot qui brise le conduit de cheminée et crible le pont d'envol d'éclats mais ne freine pas sa mobilité alors que le Hiyo touché par deux torpilles aéroportées allait sombrer après une violente explosion.
Le Junyo parvient à regagner sans encombre Hashirajima le 24 juin 1944 avant de gagner Kure le 6 juillet où il entra aussitôt au bassin où il resta immobilisé jusqu'au 14 juillet 1944. Il resta au Japon jusq'au mois d'octobre, appareillant de Sasebo le 30 octobre pour une mission de transport en direction de la baie de Brunei sur l'île de Bornéo en compagnie du croiseur léger Kiso et de trois destroyers.
Lors de son transit, le 3 novembre 1944, il est attaqué par le sous marin américain USS Pintado au sud de Mako vers 22.50 mais les torpilles qui lui était destiné sont interceptés par l'Akikaze qui se sacrifie pour protéger le précieux chargement et coule instantanément, les autres navires japonais en profitant pour s'enfuir vers l'ouest et arriver à destination le 6 novembre 1944.
Le 8 novembre 1944, il appareilla de Brunei pour Manille en compagnie du croiseur lourd Tone, du croiseur léger Kiso et des destroyers Yuzukin Uzuki et Shigure, arrivant à destination le 10 novembre pour une escale de 24h puisqu'il appareilla dès le lendemain pour Kure en compagnie des navires cités précédément moins le Kiso.
Autre photo prise probablement du même endroit mais avec un angle différentLe 13 novembre, il est attaqué au sud de Mako à 6.40 par le USS Jallao mais ne reçoit aucun dommage et arrive à Mako dans l'après midi probablement pour ravitailler puisque dès le lendemain, 14 novembre, il appareille pour Kure où il arriva le 23 novembre après avoir échappé à une nouvelle attaque d'un sous marin du «Service-silencieux».
Le 25 novembre 1944, il quitta Sasebo pour Manille via Mako, arrivant à destination le 30 novembre 1944. Il ne resta que 24h dans la capitale des Philippines puisque dès le lendemain il appareilla de Mako en compagnie des destroyers Fuyuzuki et Suzutsuki, retrouvant à Mako le 5 décembre, le croiseur de bataille Haruna et les destroyers Kasumi et Hatsushimo.
Il quitta Mako le 6 décembre 1944 embarquant 200 survivants du supercuirassé Musashi en compagnie du croiseur de bataille Haruna et des destroyers Suzutsuki, Fuyutsuki et Maki. Dans la nuit du 8 au 9 décembre vers 4.00, la task force fût attaqué par une meute composée des sous marins Sea Devil, Place, Barb et Redfish.
Le Junyo encaissa trois torpilles : deux à tribord qui noyèrent la soute à carburant aviation et la salle des machines tribord, une troisième torpille le touchant à la poupe. Embarquant 5000 tonnes d'eau et affichant une gite de 10 à 12° à tribord, perdant quatre officiers et 15 marins, ne devant son salut que par son entrée dans un haut fond où les sous marins ne pouvaient le suivre. Le 10 décembre, il arriva enfin avec le Haruna le 10 décembre 1944.
Le 18 décembre 1944, il entra au bassin pour réparations mais dès le lendemain, il quitta le bassin, les japonais renonçant à le réparer probablement en raison d'avaries trop importantes pour une industrie militaire aux abois.
Camouflé en baie d'Ebisu, le porte-avions fût attaqué à plusieurs reprises par les avions américains qui l'endommagèrent à plusieurs reprises. Placé en réserve au sein de la 4ème flotte, il resta mouillé en baie d'Ebisu en compagnie des porte-avions inachevés Kasagi (classe Unryu) et Ibuki (un croiseur lourd de classe Mogami dont la transformation en porte-avions ne fût jamais achevée).
Reclassé comme navire de défense côtière le 20 juin 1945, il ne devint plus qu'une épave flottante quand le 5 août 1945, il fût privé de tout son armement et de ses équipements pouvant être utilisés pour la défense côtière.
Une délégation d'officiers américains visita le navire mais sa remise en état (pour rapatrier les troupes japonaises) étant jugée trop couteuse, il fût décidé de le démanteler. Rayé des registres le 30 novembre 1945, il disparu sous les chalumeaux des démolisseurs en 1947 à Sasebo.